C’est vraiment pas de pot que son véritable nom de baptême soit Jeffrey Lebowski, surtout quand tous vos potes vous surnomment The Dude. Vraiment pas de pot parce qu’il existe un autre Jeffrey Lebowski, milliardaire de profession, sur la tête de qui devraient pleuvoir pas mal d’ennuis. Sauf que les problèmes en question, c’est sur le Dude qu’ils dégringolent, à commencer par son tapis sur lequel un méchant type se met à pisser abondamment tandis qu’un autre plonge la tête du Dude dans la cuvette des chiottes.
Pisse and Love
Avec un démarrage aussi déroutant, « The Big Lebowski » a vite fait de se rallier un fan club international qui ferait rougir plus d’un club de foot. Tout ici est au top. Le scénario foutraque, démarquage rigolard et hippy d’une aventure de Philip Marlowe, le héros des romans policiers de Raymond Chandler. Comme dans « Le grand sommeil », le personnage principal du « Big Lebowski » est chargé de retrouver une épouse enregistrée aux abonnées absentes. Sauf que le Dude n’est ni flic ni détective privée, juste un branleur de première qui passe son temps à fumer des pétards en rêvassant au bowling. Et, quand il est de sortie, boit des Russes blancs, un cocktail à base de liqueur de café, vodka et crème.
Après le scénar, on ne peut que bondir de joie à la vue du casting. Jeff Bridges impeccable en traîne-savates, avec ses fringues revenues fatiguées de Woodstock : un vieux bermuda et des sandales tout aussi usées, auxquels s’ajoute l’inévitable paire de lunettes de soleil et la tignasse en bataille, à côté de laquelle Gettysburg et le Têt ne sont que des amusements pour bébés en uniformes. Jeff Bridges/Lebowski, le Dude quoi, fait partie d’un fameux trio de joueurs de bowling : l’irascible John Goodman, toujours à hurler, et le génial et taiseux Steve Buscemi à qui, les rares fois où il prononce un mot, Goodman demande de la fermer. Il faudrait encore parler de Julianne Moore en artiste qui, à poil sur une balançoire, projette sa peinture sur une toile et Philip Seymour Hoffman en gentil bras droit du méchant riche. Citons encore, côté bowlingueurs, l’incroyable John Turturro en latino qui tortille du cul et embrasse sa boule sur l’air de « Hotel California », version Gypsy Kings.
La bande originale a, elle aussi, de quoi vous ranimer si jamais vous étiez mal foutu. Et, avec ce film, aucun danger de l’être. Ça commence par Bob Dylan et « The Man in Me » et, comme ça en vrac, on entend les vrais Eagles (que le Dude déteste) et leur reprise par les Gypsy, du Creedence (que le Dude adore), une reprise encore mais du « Dead Flowers » des Stones, du Santana, etc. Que du bon !
Hey Dude don’t make it bad
Comme Marlowe, le Dude parcourt Los Angeles, tombe sur des siphonnés, tels le nihiliste joué par Peter Stormare, qui valait déjà son pesant de cacahuètes dans « Fargo », encore parfaitement réalisé par les Coen Brothers. Ou une jolie pin-up aux orteils vernis en vert. Tous les personnages sont barrés, le scénario est barré, les acteurs sont barrés et le film lui-même est génialement barré. Tiens, ça vaudrait le slogan du film « Cabaret », celui de la chanson « Willkommen » : « Here life is beautiful, The Girls are beautiful, Even the orchestra is beautiful ». Et bien, dans « The Big Lebowski », les filles sont belles et la musique est belle. Quant à la vie du Dude, elle était belle jusqu’à ce qu’on lui plonge la tignasse dans les chiottes et qu’on lui pisse sur son tapis. De quoi revoir l’orthographe du fameux « Peace and Love » que prônait jusque là le Dude.
Bref. « The Big Lebowski » ? Incontournable.
Quel chef d’œuvre! je ne compte plus le nombre de fois que je l’ai visionné!
Je crois qu’on est tous d’accord là-dessus : c’est un chef d’œuvre !
Pisse and Love, j’aurais aimé la trouver celle-ci. Excellent !