MIKE OLDFIELD – Ommadawn – 1975

Derrière ce visage d’ange, de Jésus Christ dans la brume, se cachent des démons. Mike Oldfield est tout jeune, il a 24 ans, Ommadawn est son troisième album. Il est tout en haut une star internationale mais à l’intérieur il est au plus bas. Il vit seul, suicidaire, dépressif, il n’a que la musique pour le sauver. Mais il fuit les gens, déteste le business et n’arrive pas à s’installer avec une copine. Alors il choisit Clyde, un lion. Il a déjà essayé toutes les drogues pour les combattre (les démons). Suite à un trop bad trip, il passera à l’alcool puis par un gourou et retrouvera la santé pour un temps.

Je me suis mis à boire encore plus, agressif, renfermé, parano. La vie semblait s’effondrer, j’étais au plus bas… Pour m’endormir, il me fallait boire jusqu’à m’écrouler, alors que mes journées étaient vides, pleines de terreur.

Mike Oldfield – Changeling : Autobiography of Mike Oldfield
Mike Oldfield, Inner Sleeve Ommadawn

Mike Oldfield en panique

En 1973 il travaille dans un studio, The Manor. Il appartient à un jeune entrepreneur Richard Branson qui monte un label. Mike Oldfield est le premier artiste de Virgin. Branson offre à son poulain une semaine de studio pour pondre un album. Ce sera Tubular Bells. Alors que Mike Oldfield ne veux pas faire de promo, Branson lui demande au moins un concert. pour la sortie de l’album. Il lui offre même sa Bentley s’il accepte. Il accepte. L’accueil de l’album est excellent. John Peel diffusera dans son émission radio l’intégralité de l’album composé d’une longue pièce musicale. William Friedkin utilisera même Tubular Bells dans son film l’Exorciste. Ce qui n’arrange pas Oldfield pas très à l’aise avec le succès.

Son deuxième album, le celtique Hergest Ridge (1974) est également un carton. Il est en train de bâtir la fortune de Richard Branson, le créateur et patron du label Virgin, et la sienne en même temps. Puis arrive l’africain Ommadawn en 1975. Encore un succès.

Mike Oldfield et les musiciens d'Ommadawn

C’est là que je découvre le Mike. J’écoutais en boucle l’album à fond dans les enceintes ou dans le casque. Rentrant en transe entre sommeil et lucidité. Je me concentrais sur chaque instrument découvrant chaque fois du nouveau tant les arrangements sont riches. C’était ma période baba et je rêvais de ressembler au musicien qui a l’air quand même bien cool sur cette pochette. Alors je laissais pousser les cheveux, la barbe, la moustache, bref, toute la panoplie du hippie. Je n’écoutais pas un extrait, non, je partais chaque fois pour le voyage complet avec une seule escale, celle où je passais de la face 1 à la face 2 du vinyle prenant soin de rester dans mes limbes oniriques à moi pour continuer ce good trip en état d’apesanteur.

World Music avant l’heure

Un des premiers albums de World Music. Mike Oldfield propose un unique morceau partagé en deux parties gravées chacune sur une face. Une composition sur deux trois thèmes qu’il traite et triture tantôt à la guitare électrique, sèche, il ajoute des flûtes, des tambourins, des percussions africaines, des chœurs new age. Il joue de toutes les guitares, basses, claviers et même du bodhran, du bazouki ou bouzouki, du spinet de la mandoline. Il produit l’album et fait appelle à sa sœur Sally, son frère Terry, aux African drummers from Jabula, à l’Hereford City Band dirigé par Leslie Penning, etc. Mêmes les enfants sont mis à contribution. Ce joyeux bordel de styles, de cultures est un exemple de métissage très réussi.

La musique virevolte, sautille, tourne grandiloquente, joyeuse, pesante, pompeuse faisant de ces deux longs morceaux (Ommadawn Part 1 et Part 2, chacun sa face) des moments musicaux (pas de chant) pendant lesquels aucun ennui. Omniprésentes les guitares de Mike Oldfield avec ce son si particulier reconnaissable à la première note (comme pour Santana).

La première édition de l’album ne proposait que le titre Ommadawn, sur la réédition vint s’ajouter une espèce de gigue hallucinante et jubilatoire, In Dulci Jubilo, qui monte en puissance pour nous laisser pantelant à la fin. Il y joue de la guitare qui sonne comme une cornemuse entourée de tambourins, de tambours sur des nappes de violons irlandais.
Comme raconté plus haut, après avoir écouté en boucle cet album, j’ai un peu lâché l’affaire plus très intéressé par le travail du guitariste. Puis, un jour, j’ai rangé ma discothèque, je suis retombé sur cet album, je l’ai écouté et depuis j’essaye de le faire découvrir aux autres générations. Et ça marche !

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