PINK FLOYD THE WALL d’Alan Parker – 1982

Le diamant noir des Flamands Roses

Affiche Pink Floyd The Wall

Après avoir écrit un article relatif au décès d’Alan Parker, ne voilà-t-y pas que l’envie me prend de revoir le film qu’il a tiré du double album de Pink Floyd, « The Wall » ? J’avoue que je n’en gardais qu’un très lointain souvenir, ne l’ayant vu qu’une ou deux fois alors que l’album, à l’époque, était passé et repassé sur ma platine vinyle jusqu’à s’user. D’ailleurs, vous allez me dire que c’est bizarre, la mémoire. En revoyant le film aujourd’hui, celle-ci a retrouvé l’endroit exact où le disque était rayé et, lorsque le morceau est arrivé dans le film, mon oreille s’attendait à une répétition qui n’eut bien sûr pas lieu.

Que cet article soit donc un nouvel hommage à Alan Parker, disparu à 76 ans ce 31 juillet 2020, mais aussi à Vera Lynn, chanteuse britannique célèbre à l’époque de la Seconde guerre mondiale (et passablement oubliée de nos jours), morte le 18 juin 2020 à l’âge vénérable de 103 ans. « Est-ce que quelqu’un se souvient de Vera Lynn ?, chantaient les Floyds. Rappelez-vous comme elle disait que nous nous reverrions un jour ensoleillé ». Suivi du fameux « Vera, Vera, what has become of you ? » Que t’est-il arrivé, etc, etc. Et moi, pauvre benêt, je croyais que Vera Lynn était le prénom de la chérie du héros alors qu’elle était l’interprète de « We’ll Meet Again », dont les paroles disent à peu près ceci : « On se reverra, je ne sais pas où, je ne sais pas quand, mais je sais qu’on se reverra un jour ensoleillé. » Très connue chez les British, cette chanson évoquait pour eux leurs soldats partis à la guerre.

We don’t need no éducation

La guerre est justement très présente dans « Pink Floyd The Wall » puisque le père du héros n’en revient pas. C’est également ce qui arrive à Tommy, personnage principal de l’opéra-rock des Who (qui fut mis en images par Ken Russell), dont le père meurt pendant la guerre de 40. Contrairement à « Tommy », l’ouverture de « The Wall » est entièrement autobiographique pour son auteur, Roger Waters. Il est né en 1943 et son père est mort au combat l’année suivante. Ce qu’il en restera, chante-t-il, c’est juste une brique dans un mur tandis que la caméra d’Alan Parker filme la plaque mortuaire du héros de guerre. Le cinéaste ne se contente pas de plaquer des images sur les chansons de Pink Floyd. Il est lui-même né en Angleterre en 1944 et a peu ou prou vécu une jeunesse similaire à celle de Roger Waters (à la différence près que le père de Parker semble être revenu du conflit mondial). Les ressemblances entre les deux existences se situent plutôt au niveau de l’époque et de l’éducation. Cette éducation si décriée dans « The Wall » et qui nous vaut l’une des chansons les plus connues : « Another Brick in the Wall ».

La force du film de Parker est qu’il colle à la musique, avec à peine quelques séquences dialoguées, et qu’il donne à voir et à comprendre ce dont parle l’album concept du Floyd sorti quelques années plus tôt : le disque date de 1979 et le film de 1982 et les deux font partie, avec la tournée, d’une même entité voulue par le groupe. Et ce dont parle « The Wall », c’est du traumatisme de la guerre, de la perte du père, de l’éducation par la mère et l’école, de la peur des femmes, de l’isolement, du refuge dans la musique et la drogue et de la peur de la société tout court. D’ailleurs, à l’issue du procès imaginaire qui juge le héros, Pink (joué par le musicien Bob Geldof, surtout connu pour avoir organisé le Band Aid en 1984, concert géant dont les recettes furent utilisés pour limiter la famine en Éthiopie) est condamné à voir se briser le mur dont il s’est entouré : déferlent alors, cachées par ce mur, des images de la vie courante qui mêlent l’éducation, la sexualité et la violence.

The Show Must Go On

Curieusement, et l’on sait que cette partie du film vient d’une anecdote racontée par Waters qui se sentait irrité et menacé, dans les concerts géants que donnait le groupe, par les cris des fans, le rocker Pink, au sommet de sa gloire, est alors montré comme un leader fasciste qui exhorte la foule à lapider tous ceux qui ne conviennent pas : pédés, juifs, noirs. Critique à peine voilée des excès des stars du rock et de la folie de la foule, prête à suivre la moindre injonction.

« Pink Floyd The Wall » est un voyage prenant dans un univers dont on ne sort pas indemne, composé de musiques, de violences, de scènes ultra cultes, de séquences animées qu’on n’oserait plus montrer aujourd’hui (comme ces deux fleurs qui soudain deviennent sexes masculin et féminin et se pénètrent et se déchirent), de mélodies que l’on connaît par cœur et qui sont renforcées par les images.

Another birck in the Wall

Lorsque le générique défile, on n’a qu’une envie : réécouter encore l’une ou l’autre des chansons et revoir les images qui les accompagnent. Quand je pense que je me moquais de mes gamins qui s’enfilaient trois ou quatre fois d’affilée la vidéo d’un dessin animé de Disney et qu’en cherchant des vidéos pour illustrer cet article, j’ai envie de revoir des séquences entières.

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