La Grange ça commence par un petit boogie discret. Un léger grattage de guitare et des baguettes qui swinguent sur le bord de la caisse claire.
Puis la grosse voix vous apostrophe :
T’étais où ?
T’as vu l’heure ?
Elle est où ta chaussure ?
C’est quoi ce rouge à lèvres sur ton col ?
T’es encore allé trainer au bordel !
Break de batterie et c’est parti pour un furieux boogie-blues. Le chant revient raconter le bordel. Mais si ! Tu connais, le Ranch du Poulet, célèbre bordel pas loin de La Grange dans le comté de Fayette au Texas. Les filles sont jolies au Chicken Ranch Brothel (on les appelle les choux… les choux de brothel, ARF !) mais faut peut-être pas abuser. Tous les soirs, c’est exagéré. Car la guitare arrive, elle crie, elle pleure, elle hurle. J’y retournerai plus Bibiche, promis, haw, haw, haw, haw. Je n’aime que toi, haw, haw, haw, haw. Je te promets et en plus j’arrête de boire. Je commence demain haw, haw, haw, haw.
Une chanson des plus efficace pour danser, pour chanter, pour s’la jouer air guitare devant la glace, pour taper du pied, pour hurler, pour sauter dans tous le sens. Un standard, un immortel, un tube intemporel et indémodable.
La Grange
Je suis rentré dans l’univers de ZZ Top, et je ne suis pas le seul, avec cette chanson, La Grange. Une chanson simple, un blues rock traditionnel et efficace, inspiré des plus grands comme John Lee Hooker, Booker T. Jones, etc. Un morceau imparable, un titre jouissif (aucun rapport avec le bordel, bande de cochons-chonnes !) sur lequel toutes sortes d’improvisations sont possibles pour étirer le morceau jusqu’à la fin de la nuit.
Lez ZZ Top étaient jeunes, à l’aube d’une carrière monumentale et internationale pendant laquelle ils exhibèrent leur poils mentonniers, leur dégaine de cow-boy punks sur tous les continents. Le seul dans le groupe qui n’a pas de barbe s’appelle Beard. Sont trop forts les ZZ.
Hommage à Dusty
Donc, un petit article pour rendre hommage à Joe Michael Hill dit Dusty Hill qui nous a quitté le 27 juillet 2021. Il est parti comme ça, sans avertir, calmement, alors qu’il discutait avec son épouse (ça t’intéresse pas ce que j’te dis ?) selon les manifestants, dans son sommeil d’après la police. Peut-être en avait-il ras le stetson… Il laisse le soin à ses deux compères William “Billy” Frederick Gibbons et Franck Lee Beard à faire perdurer la musique de ZZ Top pour des siècles et des siècles, hymen ! Elwood Francis, techos du groupe aura la lourde charge de le remplacer. The show must go on comme chantait un autre mort.
Dusty (pas Benny) Hill avait rejoint le groupe juste avant l’enregistrement du premier album et depuis celui-ci n’avait pas bougé. 50 ans de carrière qui commencent dans une discrète notoriété et quelques albums marquants pour un succès international à la sortie de l’album Eliminator.
La barbe !
Une de moins.
C’est rasant la mort.
Elle continue à pousser quand on est mort ?