Bohémian infamie

Je me suis longtemps tâté, à la limite de la masturbation, avant d’écrire sur ce truc, Bohémian Machinchose. On en avait déjà fait pas mal dans ces colonnes avec l’excellent compte rendu du film par Kanibalekter et quelques mots brillants sur le disque tout aussi brillant. Et je ne vous parle pas du battage médiatique à vomir des p’tites boules de poils de Queen. Puis là, viens de tomber l’affaire Aretha Franklin. Appel à boycotte de la famille du biopic en tournage sur l’artiste intitulé Respect. Comme quoi le film aurait été écrit d’après le livre de Linda Solomon The Queen Next Door sans avoir, ni pour le livre et donc ni pour le film consulté la famille ne serait-ce que pour récolter quelques faits et avis des gens les mieux placés pour parler de la diva. Peut-être également une affaire de gros sous là derrière. Certainement que les héritiers n’auraient pas assez palpé, donc, embrouilles.

Revenons à nos moutons car j’ai oublié de vous dire, ça y est, je l’ai vu ! Enfin… Par hasard. Je suis tombé dessus un soir tard et comme je n’avais pas envie de dormir je me suis dit que ça allait peut-être m’aider. Donc j’ai vu (et me suis pas endormu) Bohemian Rhapsody ! Ta Daaaaa !

Bohémian connerie

Le film est cul cul la praline. Voilà c’est dit. A la limite du comique. Plein de bons sentiments, faisant de Freddy un héros, un génie. Il n’en était pas loin mais pas tout seul. D’ailleurs sa carrière solo, malgré les millions investis, a été un fiasco de haute volée.

Il est BBQQ la praline, carrément tarte (tarte à la praline, hommage à Paul en passant) parce que tous les mauvais aspects de la vie de groupe, l’alcool, la drogue, les entourloupes sont à peine effleurés.

Il est cucu la praline parce que tout est filmé et raconté pour tirer les larmes et transformer une banale histoire de rock’n’roll band en feel good movie pour les ménagères et ménagers de moins de 50 ans. Un film taillé pour le public de TF1, bien pensant pour les jeunes de 7 à 77 ans.

Ce qui me fâche le plus c’est que les millions de spectateurs et téléspectateurs ont vu une histoire fausse. Il se sont fait bernés jusqu’au trognon par un film qui raconte ce qu’il a envie de raconter sans tenir compte ni de la vérité ni de la chronologie. Qu’est-ce que ça peut bien foutre, hein, j’vous l’demande. L’essentiel c’est de vendre des places de cinéma et, surtout la bande originale du film, énième compilation des mêmes titres du groupe. Faut dire que Brian May et Roger Taylor sont coproducteurs et codirecteurs artistiques sur le film qui fait maintenant partie de la panoplie promotionnelle (avec les compiles, la tournée avec un autre chanteur) qui contribue à faire fructifier l’héritage et enfler la légende. La vraie vie de Queen se suffisait largement à elle-même pour en tirer un film bio digne de ce nom. Mais là pas de bio que du frelaté.

A la fin du film, dégoûté, n’en croyant ni mes yeux ni mes oreilles, je me suis empressé d’aller revoir les excellents documentaires consacrés au groupe pour être sûr que je ne m’étais pas trompé. Je ne m’étais donc pas trompé.

Bohémian tromperie

La tournée américaine du groupe juste avant A Night At The Opéra est présentée comme un succès retentissant qui mettait le groupe en position de force pour imposer à la maison de disque ce qu’il voulait et comme il voulait. En fait non, la tournée a été abrégée à Boston car Brian May qui souffrait d’une hépatite dû rentrer en urgence en Angleterre pour se faire soigner.

Quand Queen a enregistré l’album A Night At The Opéra, le groupe était au bord du gouffre et c’était leur dernière chance. Si le disque n’avait pas été le succès qu’on connaît il n’y aurait plus matière à discussion, la maison Queen aurait mis la clé sous la porte.

Si on s’était plantés, on ne s’en serait sûrement pas relevés

Roger Taylor

Ils venaient de se faire arnaquer par leur manager Norman Sheffield et n’avaient plus un rond. C’est dommage que le film ne parle pas de Death On Two Legs (Dedicated to…) la chanson à charge contre le filou, signée Freddy Mercury. A l’écoute de la chanson, Norman Sheffield se sentant, à raison, visé par les paroles menaça de faire interdire l’album. Un versement de quelques milliers de pounds de royalties au monsieur indélicat le calma une bonne fois pour toutes.

Freddy Mercury qui vit chez ses parents et rêve de chanter dans un groupe ? Freddy Mercury, fan du groupe Smile, s’impose comme nouveau membre du groupe lors de la soirée qui voit le chanteur de Smile se barrer ? Conneries. Mercury fait déjà partie de plusieurs groupes, ne vit plus chez ses parents mais en coloc avec Roger Taylor le batteur… de Smile.

Et puis cette annonce de Mercury aux autres membres du groupe de sa séropositivité. Ridicule ! Ils ne le sauront que 2 ans plus tard et non le soir de Live Aid qui n’est pas non plus un concert de retrouvailles pleurnicheuses mais la continuité de la tournée triomphale de The Works.

Rami, rame, rameur, ramez

Rami Malek est un bon comédien. Il n’y a pas de doute. J’ai adoré Mr. Robot. Il tient bien son rôle de Freddy Mercury, c’est bien joué mais sur scène il atteint ses limites. Il est pataud quand il mime le jeu de scène de Freddie Mercury et, désolé, mais il swingue comme une enclume. Qui a eu l’idée de l’affubler d’une telle prothèse dentaire ? La reine devient lapin, manque plus que les carottes…. dans l’cul ! Si vous regardez le vrai, c’est tout juste si on remarque ses chailles. Là on ne voit que ça. Le ridicule ne tue pas mais la balle est passée prêt.

Rami Malek dans Mr Robot

Conclusion, je n’avais pas envie de voir ce film redoutant une bonne grosse daube larmoyante et consensuelle. J’avais raison mais en plus d’être une grosse daube consensuelle c’est un foutage de gueule dans les grandes largeurs. Permettez-moi d’insister lourdement mais regardez plutôt les excellents documentaires sur Queen. Si vous voulez un bon film larmoyant et feel good assumé, regardez Mrs Doubtfire ou Pretty Woman. Parce que tous ces biopics ne sont que des produits promotionnels dans le seul but de faire du fric. Duncan, tiens bon, on ne veut pas d’une nouvelle infamie même consacrée à Bowie. Surtout.

Ci-dessous, c’est cadeau, un excellent doc sur la fabrication de Bohémian Rhapsody et un autre sur celle de The Night At The Opera. Comme ça vous avez tout ce qu’il faut pour découvrir l’univers de Queen et arrêter de me les brouter menu avec cette niaiserie de film de nazes. Enjoy !

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