Son nom est Powers, Austin Powers
Ça doit vous arriver, quand même, de regarder un film, de vous dire que c’est complètement con mais que c’est bien. Super marrant. Et qu’on en redemande. Quand la connerie est assumée, elle vire parfois au génie.
Tout ça pour dire et pour parler djeuns que je kiffe la série des « Austin Powers ». Qui déborde tellement dans tous les sens, qui a tellement d’outrances qu’elles en deviennent jouissives. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Austin est une sorte de James Bond. Comme 007, Austin est le héros des services secrets britanniques dans un Swinging London bariolé, où toutes les filles sont sexy, vêtues de mini-jupes et se trémoussent en rythme.
Sortis en 1997 (« Austin Powers »), 1999 (« Austin Powers 2 : l’espion qui m’a tirée ») et 2002 (« Austin Powers dans Goldmember »), les scénarios des trois films de cette trilogie abracadabrantesque, tous réalisés par Jay Roach, n’ont pas été signés par des féministes. Encore que… Car Powers, tout dragueur invétéré qu’il soit et porté sur la chose comme c’est pas permis (enfin si, c’est permis quand même), est moche. Faut voir ses ratiches jaunies quand il est dans les années soixante.
Forcément utile, un développeur de pénis suédois à pompe
Le premier épisode insiste même fortement là-dessus : quand il sort de sa cryogénisation et se retrouve dans les années quatre-vingt-dix, Austin récupère ses affaires. Le policier de service lui tend un développeur de pénis suédois à pompe. Comme l’agente spéciale venue récupérer Austin est très mignonne, Austin sourit. « Non, non, vous faites erreur, cela ne m’appartient pas ». Imperturbable, le flic continue son listing. « Un mode d’emploi pour un développeur de pénis suédois à pompe au nom d’Austin Powers ». Confus, Powers continue de nier. Le flic prend un nouveau papier : « Un reçu de paiement pour un développeur de pénis suédois à pompe au nom d’Austin Powers ». Et ça continue.
La force de la trilogie est d’insister encore et toujours sur un gag, de l’user jusqu’à la corde, et de le reprendre d’un film à l’autre. Mais revenons au féminisme : le mâle est tellement accablé ici, sympathique mais complètement ringardisé, que le machisme ambiant est retourné comme un gant. Quant aux femmes, elles sont sublimes, certes, mais ne se laissent pas faire.
Mouaaaaaah !
Au cœur des trois films, on retrouve bien sûr Mike Myers, cheville ouvrière de la trilogie. Auréolé du succès des deux « Wayne’s World », Myers joue ici non seulement Powers mais son ennemi absolu, le génialissime Dr Denfer. Mouaaaaaah !
Denfer (Mouaaaaaah !) est une des réussites de la série. On l’aime autant qu’Austin, si ce n’est plus. Tous deux sont tellement ridicules qu’ils en sont touchants.
Oh, pardon, j’ai pété
Ajoutons encore l’ignoble Fat Bastard et Goldmember lui-même. Pour chacun de ces personnages, Myers trouve un tic, une mimique particulière, le petit doigt vers la bouche pour le méchant docteur (Mouaaaaaah !), le sourire niais de l’agent secret ou le regard pétillant du suintant Fat Bastard.
Si le mauvais goût assumé est le mot d’ordre de la trilogie, on peut toutefois reconnaître son très bon goût musical. Les apparitions de Burt Bacharach sont, à chaque fois, des parenthèses enchantées. Comme si le scénario retenait soudain son souffle. Dans l’une d’elles, dans une rue du Londres des sixties, Bacharach au piano et Elvis Costello à la guitare reprennent « I’ll Never Fall in Love Again », grand tube de Bacharach, et c’est vraiment magique. Citons encore ce moment où le Dr Denfer (Mouaaaaaah !) et son petit clone joué par Verne Troyer chantent « Just the Two of Us »
Myers modifie bien évidemment les paroles de la chanson de Grover Washington pour les adapter au mauvais caractère du Dr Denfer (Mouaaaaaah !).
Ah, il faut évidemment évoquer Mini Me. Il est l’un des personnages marquants de la série, apparu seulement dans le deuxième film mais qui va prendre une place énorme.
Enfin, créditons aux génériques des trois films des apparitions de chanteuses ou chanteurs célèbres : Beyoncé tient un rôle important dans le troisième opus, où l’on retrouve également Ozzy Osbourne. On reconnaît aussi dans l’un ou l’autre des épisodes Willie Nelson, Quincy Jones et Britney Spears.
Un quatrième ? Qui sait ?
Comment ne pas apprécier tant de talents réunis ? Un bruit court aujourd’hui : qu’un quatrième « Austin » pourrait être mis en chantier. Malheureusement, Verne Troyer est décédé mais soyons sûr que Mike Myers saura inventer de nouveaux et irrésistibles personnages. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts encore que, vingt ans après le dernier film, on se demande à quoi pourront ressembler Powers et Denfer (Mouaaaaaah !). Allez, it’s grooooovy, baby !