QUEEN – A Night At The Opéra – 1975

Quand Kanibalekter m’a envoyé son article sur le film consacré à Queen (ou plutôt à Freddie Mercury), je me suis dit que c’était une bonne idée, que c’était un bon article et que nous allions en profiter et surfer sur la vague Freddie Mercury/Queen, qui déferle en ce moment. On se demande bien pourquoi d’ailleurs.

Queen Night At The Opera pochette recto
Queen Night At The Opera pochette verso

J’ai choisis de vous parler de cet album parce qu’il est pour moi le meilleur de la carrière du groupe, jamais égalé, jamais dépassé. Parce que Queen n’est qu’un groupe de tubes mais quels tubes ! Another One Bites The Dust, We Will Rock You, Don’t Stop Me Now, We Are The Champions, Under Pressure, etc. Mais Queen ne tiens pas la route sur tout un album. Trop de déchets. Trop de remplissage. Sauf sur celui-là. Rien à jeter. Un exercice de styles divers et variés hautement maîtrisés.

Donc, en fait, on peut dire que les deux meilleurs albums de Queen sont A Night At The Opera et Greatest Hits. Il existe même une édition américaine de la compile sans Bohémian Rhapsody ! Un vrai bonheur.

Cet album c’est mon frère qui me l’avait ramené d’Angleterre. Je ne connaissais pas. Tout juste entendu parlé du groupe Queen. Il m’expliqua que c’était la folie chez les Britons et que le groupe faisait un carton avec une longue chanson avec de l’opéra dedans intitulée Gitan’s Melody… Il est gentil mon frère, il a du confondre avec Daniel Guichard qui rit tout l’temps. Bon, pour une fois qu’il me faisait un cadeau, à disque donné on entend pas les rayures, il avait tapé dans le mille et cet album a tourné et retourné sur ma platine à tel point que je le connais par cœur.

Le dernier Queen

Queen avait bien besoin de cet album. Au bord de la rupture, de l’implosion, ils étaient sur le point de jeter l’éponge. Malgré un public de fidèles de plus en plus nombreux, leur succès ne les satisfaisait pas. Sherry on the cake, leur manager, Jim Beach, les avait truandés et ils n’avaient plus un sou et pas beaucoup de perspectives. Ils remplacèrent l’escroc et mirent leurs tripes dans cet album, genre ça passe ou ça casse, pensant que ce serait le dernier.

L’album commence par Death On Two Legs (Dedicated to…) écrite par Freddie dans laquelle il règle ses comptes avec le malfaisant :

You suck my blood like a leech
You break the law and you breach
Screw my brain till it hurts
You’ve taken all my money – you still want more,

But now you can kiss my ass goodbye

Puis s’enchaînent des titres de tous genres. Chacun y va de sa petite chanson dans des styles différents.
Baroque : Seaside Rendez-Vous – Freddie Mercury
Rock : I’m In Love With My Car – Roger Taylor
Jazz : Lazing On A Sunday Afternoon – Freddie Mercury
Progressive : The Prophet’s Song – Brian May
Ballade Pop : You’re My Best Friend – John Deacon
Pop country : ’39 – Brian May
C’est là que réside le grand talent de ces 4 musiciens : cet album garde une unité musicale étonnante et une cohérence dans le son, les harmonies, les arrangements qui définit pour l’éternité le son Queen. Cet album n’est pas un fourre-tout musical, une démonstration stylistique mais une véritable œuvre musicale réussie.

Le gitan qui rit tout l’temps

N’ayant plus rien à perdre, il imposèrent avec raison et beaucoup de chance que le DJ Kenny Everett la passe 14 fois à la radio en une journée, Bohémian Rhapsody dans sa version originale longue de 6 minutes pour sortir en single. Jackpot !
Trois semaines de travail en studio uniquement pour ce titre qui sera numéro 1 pendant 9 semaines malgré sa longueur et sa construction. On est loin des chansonnettes de 3 minutes avec refrain-couplet et guimauve. Bohémian Rhapsody sera le troisième single britannique le plus vendu de tous les temps. Et ça ne va pas s’arrêter avec la sortie du film.

J’avoue que ce titre commence sérieusement à me gonfler. Galiléo vaffanculo, me sort par les yeux, Bismillah casse toi une bonne fois pour toutes et Beelzebub has peut-être a devil inside mais il ne m’impressionne plus. Alors passons à autre chose, merci. Écoutez les autres titres, y’a des trucs vachement bien.

Anyway the wind blows

Après la découverte de cet album, j’ai fait un retour en arrière puisque je suis allé écouter les précédents et j’adore le premier, sobrement intitulé Queen.
Après A Night, plus grand chose à se foutre sous la dent. Sinon beaucoup de tubes très réussis. Ce qui est déjà pas mal.

Quant au film qui défraye la chronique, je n’irai pas le voir. J’attendrai qu’il passe à la télé. Et encore, je ne suis même pas sûr de le regarder tant il existe de supers documentaires sur le groupe. De plus, l’histoire du groupe est arrangée à la sauce Hollywood et truffée de mensonges et de raccourcis à vomir. Ces biopics sont des insultes aux artistes. Faisons tout pour que Bowie soit épargné, signez la pétition.

Arrêtez de penser et de croire que Freddie Mercury était Queen. Freddie n’existerait pas sans Queen et vis et versa. D’ailleurs ses essais en solo sont lamentables (le ridicule Barcelona avec Montserrat Caballé) et des bides retentissants (The Great Pretender, son album solo, mauvais, qui se planta malgré une promo démesurée). Non, même pas retentissants tant le monde se fout des carrières solo des membres d’un groupe de cet acabit. Un peu comme les Stones qui n’existent pas sans le groupe. C’est la preuve qu’un groupe c’est avant tout une alchimie. Une addition d’individualités qui se trouvent au bon endroit et au bon moment. Alors si les journalistes et le public ont décidé que Queen c’est Freddie, je m’incline. Le peuple a besoin d’adorer des idoles. Surtout quand elles sont mortes. Mais imaginez Freddie Mercury toujours vivant ? Pas de film, pas de tribute mais peut-être des albums boursouflés, en manque d’inspiration avec des Queen vieillissants. Ou pas. Peut-être que les véritables chef d’œuvres étaient à venir. On ne le saura jamais.

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