Un puzzle en noir et blanc, je crois que c’est la première fois (non, il y a l’affiche du film The Godfather). Mick Rock est l’auteur de cette superbe photo dans l’ordre comme dans le désordre. C’est très joli ces 260 pièces blanches ou noires ou noires et blanches éparpillées sur l’écran n’attendant plus que votre perspicacité et votre patience. Ca détend les puzzles ? Ah, oui ? Pas moi. Je finis cet article et je balance mon ordi par la fenêtre !
Il aurait préféré mettre le feu au baldaquin plutôt que tirer la couverture à lui.
Jérôme Soligny – Rock & Folk
Pas de coup de projecteur sur une pochette de disque mais sur un photographe qui a « mis des auras en bouteilles » grâce à ses clichés qui finiront en écrins de vinyles, en symboles d’une époque, en marqueurs de la grande histoire du rock.
Mick Rock vient à la photo par hasard. Un peu comme tous ces jeunes du Swinging London, ne sachant pas quoi faire de leurs dix doigts et qui se lancent dans la musique, dans la mode, dans le journalisme, dans la photo. C’était une époque d’ouverture ou tout le monde avec un minimum de talent pouvait se lancer dans des carrières qui deviendraient pour les meilleurs d’entre eux époustouflantes.
Il commence à shooter le monde du rock et signe sa première pochette, The Madcap Laughs, pour Syd Barrett, qui venait de quitter Pink Floyd. Puis il rencontre Bowie, Ziggy, dont il devient le photographe officiel ne lâchant pas d’un poil l’objet de son inspiration. Faut dire qu’à cette époque glam, Ziggy et sa troupe donnait naturellement du grain à moudre au photographe.
Au moment où j’écris ces mots, cela fait trente ans, à une semaine ou deux près, que j’ai pour la première fois glissé ma tête dans l’embrasure de la porte de la loge de Bowie à Birmingham. « J’aime votre nom. C’est certainement un nom d’emprunt… », m’avait-il dit en gloussant, s’attirant tout de suite ma sympathie. Mon nom, bien entendu, n’est pas un pseudonyme, contrairement au sien. (…) L’homme m’invita sur-le-champ à l’accompagner en train jusqu’à sa maison de Beckenham après le spectacle pour que je puisse l’interviewer. A posteriori, c’était un geste témoignant de sa part d’une grande confiance à l’égard d’un homme dont il ne savait pratiquement rien. En effet, si Bowie était un personnage un peu étrange à l’époque, moi j’étais presque totalement inconnu.
Mick Rock – Moonage Daydream – Flammarion 2005
Illustration de la philosophie : le flair au bon moment au bon endroit, il sera l’auteur, entre autres, de ce cliché sulfureux de Bowie sur scène en train de simuler une fellation à Ronno en plein solo sauvage de guitare. Un cliché que Bowie, finaud, s’empressa d’acheter à Mick Rock pour faire sa promo dans les magazines de rock (je jette délibérément de l’huile sur le feu mais il se passerait quoi aujourd’hui ? La photo serait floutée, censurée, bipée ?). Bowie le dirige également vers ses idoles dont il s’occupe et il shootera Lou Reed pour la pochette de Transformer (sujet du puzzle), Iggy And The Stooges pour Raw Power et Mott The Hoople pour All The Young Dudes.
Toujours pour Bowie, il tournera deux fantastiques clips, aujourd’hui des classiques, pour Life On Mars ? et The Jean Genie.
Comme d’habitude avec David, nous avions besoin de peu de choses pour réaliser un clip mémorable pour Life On Mars. J’avais trouvé un studio entièrement blanc à Ladbroke Grove, Freddie Burretti nous avait procuré un superbe costume neuf, Pierre Laroche quelques magnifiques produits de maquillage, et la charismatique Mister Bowie était d’humeur mimétique. Très simple, et cependant tellement sophistiqué…
Mick Rock
Des grands de la bande à Mick il ne reste plus qu’Iggy Pop. Les autres ont rendus leur extrait de naissance et reposent ou pas en paix ou pas. Ils ont retrouvé depuis peu leur photographe préféré. Mick Rock nous laisse un nombre impressionnant de photos, livres, expos, témoignage d’une époque et expression des talents. Celui des sujets et celui du photographe.
Coucou Glob,
Fait amusant / anecdotique : la citation de Mick – « Comme d’habitude avec David, nous avions besoin de peu de choses pour réaliser un clip mémorable pour Life On Mars ».
C’est amusant et anecdotique dans la mesure où David Bowie avait voulu faire l’adaptation de la chanson « Comme d’habitude », mais il était trop peu connu en France à l’époque de sa demande.
C’est Paul Anka (le cuistre) qui décrochera la timbale.
Là où l’histoire se poursuit, c’est que Life on Mars est en fait un genre de revanche – éclatante pour le coup – de David, puisque la chanson reprend la progression d’accords de « Comme d’habitude ».
Je ne sais pas si c’était volontaire de la part de Mick, d’autant qu’il a dû dire cela en Anglais – as usual – et que ça n’évoque pas forcément la version anglophone de la chanson – My way.
« Hasard » ou clin d’œil, je ne saurais dire, mais j’ai trouvé cela bien ficelé, finalement.
Amitiés,
Olivier
Merci Olivier pour ces remarques pertinentes.
https://globrocker.com/quand-bowie-chante-avec-cloclo/
As-tu fais le puzzle ?
Hey Glob,
Rah, désolé… je n’ai pas encore tout lu (mais je continue ma découverte de ton site, très riche et passionnant).
Après, je me doutais vaguement qu’il s’agissait d’un non-scoop pour toi 😀
Amitiés,
Olivier