PETER GABRIEL – 1 – 1977

Beaucoup de choses et d’événements autour de ce premier album de Peter Gabriel.

PETER GABRIEL – 1 (Car)
Label : Charisma ‎– 9103 115 / Format : Vinyl / Pays : France / Date : 1977

Peter Gabriel - 1st Album - Car

Peter Gabriel, le dissident

C’est d’abord ma terminale dans un lycée privé catho. Un pensionnat. Mais je n’étais pas pensionnaire, ni demi. J’étais externe, détail important car je pouvais sortir entre midi et deux. C’est l’année de mon bac que j’ai raté du premier coup. C’est l’année de mon permis de conduire que j’ai réussi du premier coup. J’avais déjà compris où était mon intérêt.
En fan de Genesis période Gabriel, j’étais impatient d’écouter le premier album solo du dissident. Si impatient que je descendais tous les jours à la FNAC, entre midi et deux, dans ma R5 rouge et noire (ou alors c’était ma 106 ZS) pour voir s’il était sorti. Alors que la date de sortie était connue. J’étais quand même un peu zinzin. Mais on ne sait jamais. Si j’avais été le premier à l’avoir, sur un malentendu. Et pour une fois j’aurais été le premier.

Peter Gabriel 78

Cet album c’est aussi une petite nana que ma mère avait poussée dans mes bras. Elle lui livrait sa viande. Elles avaient sympathisé et ma mère me bassinait avec ses : « Qu’est-ce qu’elle est jolie cette gamine », « Faut que tu la vois », « Faut que tu la rencontres », « En plus elle est intelligente et très gentille », « Elle ressemble à Romy Schneider ». C’est vrai qu’elle avait un petit air de l’actrice. C’est vrai qu’elle était très jolie. C’est vrai qu’elle était gentille mais avec un putain de caractère. C’est vrai qu’elle aurait pu être un peu plus intelligente. Il y a eu embrouille définitive à cause d’une paire de santiags. C’est pas trop con ça ? Bref, avant l’embrouille l’idylle fut intense et passionnée, on devait même se marier. Cet album fut la bande son de notre aventure.

Revenons donc à cet album

Peter Gabriel vient de quitter Genesis. Il quitte un groupe en pleine gloire qui vient de sortir leur chef d’œuvre The Lamb Lies Down On Broadway. Bien sûr tout le monde l’attend au tournant.
Ce virage, il va le négocier tout en douceur avec maîtrise, fermeté et intelligence. Plutôt que de se démarquer totalement de son passé, de rejeter sa créature qui devenait encombrante, il en a fait la base de son travail et de son nouveau parcours.

Tout cet album est marqué du sceau de Genesis. Il en était le pilier. Les influences sont là, les sons, les ambiances, les structures. Peter Gabriel ne renie pas son passé mais il l’arrange. Les titres sont plus courts, les arrangements et les idées laissent présager de la direction que prendra l’œuvre du Gab. On est plus dans le rock progressif et ses longs morceaux alambiqués mais dans un excellent album de pop musique. Peter Gabriel fait ses armes dans un album fourre-tout dans lequel il met en valeur son sens de la mélodie. Il pioche dans ses amours pour le rock (Modern Love), le blues (Waiting For The Big One), la chanson pop, le tube (Solsbury Hill), la symphonie avec grand orchestre (Down The Dolce Vita), le cabaret (Excuse-me).
Pour ça il s’entoure de fines gâchettes : Robert Fripp, Steve Hunter et Dick Wagner pour les guitares, Tony Levin pour la basse, Alan Schwartzberg à la batterie. Le tout est produit par Bob Ezrin. Du beau monde pour un premier album.

Peter Gabriel Live

Bien sûr que je me suis précipité au concert. J’avais vu Genesis sans Peter Gabriel, j’ai vu Gabriel sans Genesis. J’ai vu Genesis avec Steve Hackett, j’ai vu Hackett sans Genesis. J’ai raté le grand Genesis. Tant pis.
Peter Gabriel n’allait pas se contenter de reproduire sur scène ce premier album. Il chamboule ses compos, met en scène sa musique avec uniformes pour tout le monde. Il sera un des premiers à chanter au milieu de son public, d’ailleurs, lorsqu’il traverse la salle du Palais des Sports de Lyon, en chantant Waiting For The Big One, il passe tout près de moi. J’ai le souvenir bien gravé de cet odeur de transpiration et de la poignée de main que j’ai… raté.
Durant son show, tout le groupe, lui y compris, s’amuse à changer d’instrument de musique pour offrir des versions aussi brutes qu’elles sont sophistiquées sur l’album.
Grands souvenirs, et la sortie de l’album, et ce premier concert.

Bande son d’une adolescence mouvementée et testostéronisée, le Pete Gab 1 est toujours en bonne place dans ma play-list.

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