À moi, on me la fait pas, c’est sûr ! Je suis physiologiste, moi, même que j’aurais pu bosser pour les boîtes de nuit tellement un visage, je le vois et je l’oublie jamais. Jamais. Prenez Lucien, le vieux Lulu, le clodo qui, devant les Galeries Lafayette, tous les ans remue sa même clochette avec ses vieilles fringues rouges et sa barbe jaunie par le tabac, à se faire prendre en photo avec des mioches sur les genoux devant deux simili rennes en mousse. Tu parles d’un Père Noël, le Lulu, avec ses yeux chassieux et son pif plus rouge que son vêtement mité. Et bien le Lucien, j’arrête pas de le voir à la télé. Physiologiste, que je vous dis !
Pères Noël en série
Rien qu’hier, le 19 décembre, allez savoir pourquoi, ils passaient sur C8 « Baba en Laponie à la recherche du Père Noël », sur 6Ter « Un Noël à croquer », sur TF1 Séries Films « Il faut sauver Noël », sur Ciné + Émotion « Noël chez les Cooper » et sur Paris Première « Zemmour et Naulleau ». Et bien, j’ai l’œil et, à part sur cette dernière chaîne, j’ai reconnu mon Lulu dans tous les autres films.
Santa Lulu
Le Lucien, faut bien l’avouer, il pochetronne comme c’est pas permis. Alors, on confond souvent son visage avec sa pelisse, ils ont la même couleur. Et qu’est-ce qu’il faisait, le Lucien, dans tous ces films ?
À chaque fois c’était plus ou moins pareil : panique à bord, Noël approche et le vieux gâteux aux couleurs d’une célèbre marque de soda américaine (n’oublions pas que le vrai Père Noël est vert) manque à l’appel. Les gamins sont sur le coup, leurs parents, qui n’y croient pas plus que ça au début, font semblant de leur prêter main forte pour se rendre compte en plein milieu du film qu’il n’y a rien de tel qu’une famille recomposée pour être heureux. Et que le Père Noël existe bel et bien. Enfin, que le Lucien existe et qu’il est tellement pataud ET bourré qu’il va falloir lui donner un coup de main si l’on veut voir la joie s’afficher sur le visage de tous les enfants au lendemain du 24 décembre.
Parce que, c’est entendu, ces films-là se passent toujours dans des pays chrétiens dans lesquels les enfants non seulement croient à la petite souris qui glissent une pièce sous l’oreiller à la place d’un chicot carié mais aussi au vieux bonhomme gras comme un porc qui se glisse subrepticement dans les cheminées des enfants sages. Ici, pas de pauvres qui ne recevront jamais la visite du PN ni ne verront les jouets emballés au pied du sapin. Pas d’enfants d’une autre religion ou de pas de religion du tout qui n’entravent rien à l’esprit de Noël. Non, dans ces films, tout roule parce que bien sûr, à la fin, on retrouve Lulu et tout est bien qui finit bien.
The magic of Christmas
Alors, je sais, vous allez me sortir le baratin habituel sur la magie de Noël et je ne vais pas vous faire le coup de celui qui s’en fout : les cadeaux, j’aime les recevoir, comme vous. Mais ces niaiseries ricaines (et françaises, n’oublions pas que même Chabat s’y est mis avec son Santa Claus), vous ne trouvez pas qu’au bout d’un moment, elles nous courent sur l’haricot (et merde pour l’h aspiré) ? Et, pourtant, moi, Lulu, je l’aime bien. Surtout quand il descend du ciel avec ses jouets par milliers. À condition, of course, qu’il n’oublie pas mon petit soulier, aussi embaumé fût-il.