On a chanté la Parisienne
Leurs petits nez et leurs chapeaux
On a chanté les Madrilènes
Qui vont aux arènes
Pour le torero
On a chanté l’amour, la passion, l’adultère, la séparation, le zizi, la bonne du curé, les scoubidous, Zorro, mais je n’ai pas connaissance de grandes chansons sur le cancer. Si vous en connaissez n’hésitez pas dans les commentaires.
En tout cas je la tiens.
Bauer family
J’adore Radio Londres, le nouvel album d’Axel Bauer. Une belle réussite de bout en bout avec des sommets. Ici Londres dans laquelle avec Boris Bergman, ils essayent de redonner ses lettres de noblesses au mot résistance. Un hommage à son père, Franck Bauer, résistant et un des speakers à Radio Londres. C’est lui qui parlait dans le poste et lisait les messages énigmatiques et loufoques destinés à la résistance française. Franck Bauer a enregistré les parties parlées de la chanson avec son fils Axel, il avait 93 ans. Côté musique, les chiens font pas des chats. L’arrière-grand-père d’Axel est organiste, une de ses tantes, Évelyne Crochet, est pianiste et concertiste classique et Frank Bauer, enplus de parler dans le poste fut batteur de Django Reinhardt.
Achète moi une âme, la liste des courses dans un monde de réseaux sociaux qui sonne creux. L’homme qui court, servie par un clip rigolo avec Sandrine Bonnaire. Tout l’or du monde un petit état des lieux dystopique de notre planète.
Deux reprises. Une chanson de Gérard Manset, A qui n’a pas aimé, et une, plus casse-gueule, de Est-ce ainsi que les hommes vivent. Axel Bauer l’avait depuis un moment dans ses tiroirs qui dormait. Il n’osait pas se mesurer à Léo Ferré, Aragon et, surtout, à Bernard Lavilliers qui en avait fait une reprise référence en 1980 dans son album O Gringo. Et puis là, fuck ! Il se décide à la publier sur cet album.
Un album écrit et composé en grande partie par Axel Bauer en collaboration avec Pierre-Yves Lebert scénariste et parolier (Hallyday, Kaas, Pagny, Daran…), Boris Bergman (voir plus haut) et dominé par des mélodies réussies, simples et efficaces, du blues, du rock et beaucoup de guitares qui scintillent tout au long des 12 chansons.
Malin
Et puis il y a cette chanson, C’est malin, maline.
Bauer, avec des mots simples, des situations simples, arrive à nous faire toucher du doigt la fragilité de tout ce bordel qu’on appelle la vie. La banalité du quotidien, le soleil, le ciel bleu, ces moments de bonheur volés, ces petites joies fugaces, ce bien-être ressenti parfois. Tous ces moments qui nous font dire que la vie c’est vachement chouette. Mais nous ne voyons pas combien elle penche du côté où elle va tomber et qu’il faut presque rien, un souffle, un courant d’air pour que tout s’écrase au fond du ravin.
Il y a d’abord le petit bouton qui grattouille, qui chatouille. Puis il grossit et commence à faire mal. T’aurais pu l’éviter. Mais tu l’as dans l’dos. C’est malin. Parce que tu ne vois pas ton dos même si tu assures tes arrières. Et tu n’as personne, ni pour te planter un couteau dans l’dos, ni pour regarder, surveiller, t’avertir. Et puis la nouvelle tombe un matin. Tu l’as, t’es baisé, dans l’cul lulu, tu l’as, tu meurs, elle est maligne, c’est malin.
Elle commence avec ce piano martelé, un mid-tempo doux, quelques violons. Mais surtout ce piano qui martèle, comme la goutte d’eau du supplice. Puis le rythme accélère, la goutte d’eau se transforme en ruisseau, le supplice en lumière puis, pour en terminer, laisse sa place à la guitare d’Axel qui s’en donne à cœur joie. Une mélodie simple, une voix sobre et sombre qui raconte. Ni cris, ni débordements, ni dramatisation. Sobre, feutré. Comme pour démontrer que le mal rôde, que le malin veille dans l’ombre, sournois, prêt à fondre sur sa proie. C’est malin tiens !
Une chanson chimiographique. Il a faillit y passer. Il a eu de la chance. Il est toujours là pour le raconter. Tant mieux.