Obligatoire. La frailledésong de cette semaine ne peut-être que Madrid, Madrid de Nilda Fernandez qui vient de nous quitter à l’âge de 61 ans. Putain, mais c’est jeune ça ! Trop jeune. C’était encore un bébé. La vie est trop injuste et la mort encore plus.
Daniel ou Nilda Fernandez
Nilda Fernandez c’est une époque. Lyon (France – 69) et ses artistes qui émergent dont Rachid Taha, Cleet Boris, Nilda qui vivent tous à Lyon. Je suis journaliste à cette époque. Je connais bien le directeur régional de sa maison de disque. Je reçois ses disques au fur et à mesure qu’ils sortent. Je les chronique, j’ai même du faire une interview mais je n’arrive pas à remettre la main dessus. En tout cas, on se croise souvent dans les soirées, dans les concerts, à la radio. Un mec gentil, discret peut-être un peu trop.
Au cas où vous n’auriez pas percuté, Nilda est le verlant de Daniel.
Il connaît le succès en 1991 avec son album Nos Fiançailles. Nommé 5 fois aux Victoires de la Musique qu’il remporte dans la catégorie Meilleur Espoir masculin, il reçoit également le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. Il part faire une tournée en roulotte. Il enregistre ses disques tel un artisan, loin des maisons de disques, discrètement, avec application.
Être artiste est une profession de foi basée sur une envie profonde de faire ce qu’on aime et non par désir d’avoir du succès. J’ai vécu de mon travail, et encore aujourd’hui, et j’aime ma carrière parce qu’elle n’a jamais dépendu du regard des autres
Nilda Fernandez
Il gagne sa vie avec ses concerts, ses collaborations diverses avec Mercedes Soza, Michel Camilo et autres. Il écrit des livres, met en musique les textes de Federico García Lorca, participe à une comédie musicales, part vivre en Russie. Une vie d’artiste riche et intense.
Madrid, Madrid
Avant, en 1987, il avait enregistré cette magnifique chanson qu’est Madrid, Madrid. Sortie d’abord en single elle figurera sur l’album Nos Fiançailles et sera même reprise par Miguel Böse. Une chanson toute en délicatesse, une mélodie merveilleuse sur laquelle il évoque de sa voix cristalline l’ambiance de la ville ibérique.
Paroles françaises entremêlées d’espagnol. Les arrangements sont réussis malgré la touche très 80’s car ils tiennent encore la route aujourd’hui. Mais c’est normal, la mélodie, le texte et la voix en font une chanson intemporelle. Écoutez les versions acoustiques, sans fioritures, juste guitare voix. Cette chanson se suffit à elle-même et c’est là le signe du chef d’œuvre. En tout cas, cette chanson figure au panthéon de mes chefs d’œuvres français.
Entre Lyon et Barcelone
En écrivant cet hommage, j’ai pu découvrir plus en détails l’oeuvre de Nilda et je suis tombé amoureux dingue de cette chanson. Entre Lyon et Barcelone, un arrêt au buffet de la gare pour casser une graine avant de prendre son train. La rencontre avec la serveuse, jolie, sympa, un peu triste.
La chanson commence dans la pure tradition du narrateur qui raconte de manière réaliste les petits événements banals de la vie quotidienne. On s’attend à une bascule amoureuse, sexuelle, mais non. Il ne se passera rien (Fuck, je divulgâche !). Chacun retournera à ses affaires. Juste une rencontre.
Mais la musique bascule, elle. Du simple accompagnement discret un peu swing, d’un coup de baguette du batteur alors qu’il renverse du ketchup dans sa bière elle se transforme en un jazz funk torride avec solo de sax sur lequel il continue sa narration. Deux bises et au revoir… euh, pardon, 3.