En voilà une, d’actrice, qui portait bien son nom. Gina Lollobrigida, ce blaze-là fait encore frémir tous ceux qui étaient gamins dans les années soixante. La belle Gina, pourtant, était déjà d’une autre époque, puisqu’elle avait démarré sa carrière en 1946. Mais nous, on la connaissait parce qu’elle était apparue dans un film qui passait souvent à la télé et qu’on regardait sans se lasser : « Fanfan la Tulipe ». Attention, celui avec Gérard Philipe, le suivant avec Vincent Perez n’étant pas encore tourné et le petit père Vincent lui-même à peine éclos.
Lollo et Fanfan
Certes, « Fanfan la Tulipe » est un film bondissant, plein de chevauchées et de batailles à l’épée fait pour plaire aux jeunes générations. Qu’est-ce qu’elle avait de particulier, Gina ? Dans ce genre de productions, les filles sont là uniquement pour remplir la case « amour » et satisfaire le public féminin, avide lui aussi de Gérard Philipe. Qu’est-ce qu’elle avait de particulier alors, Gina ? Non, mais vous rigolez ? Outre son charme, son accent délicieux, son sourire enjôleur, la Gina avait… Enfin, elle… Bon, merde, une photo parlera d’elle-même.
C’est con, les gosses, mais on se disait que Gina portait bien son nom parce que, question lolos, elle se posait là. Bien sûr, depuis j’ai grandi, j’ai vu Gina dans d’autres films (la série des « Pain, amour… », « Les Belles de nuit », « Notre-Dame de Paris », « Salomon et la reine de Saba », « Vénus impériale », etc.), je l’ai appréciée pour d’autres raisons que le monde qui se pressait à son balcon.
Je l’ai même croisée, une fois. Elle était l’invitée du festival de Cannes, en 2003. Ce jour-là, j’allais faire un tour à l’hôtel Majestic, pour récupérer des documents sur un film. Une voiture du festival était garée dans la cour. Je passai devant et jetai un coup d’œil à l’intérieur. Gina Lollobrigida y était, livide, visiblement fatiguée. Mais j’étais content et, au fond de mon crâne, une petite voix disait au gamin que j’avais été : « Ben dis donc, gars, tu as vu Gina. Tu as vu la Lollo ! » Et j’en étais tout ébouriffé.
Le 16 janvier dernier, la presse a raconté que Gina Lollobrigida était morte à l’âge de 95 ans. C’est possible, mais j’y crois à peine. Gina est devenue immortelle et cela est bien dit dans le film « Babylon » (c’est d’ailleurs ce qu’il y a de mieux dans ce film, parce que le reste…). Une journaliste explique à Brad Pitt, qui joue le rôle d’un acteur, que, alors qu’il sera mort depuis longtemps, de jeunes spectateurs même pas nés au moment de son trépas vibreront encore à la seule vision de ses exploits au cinéma. Et bien, pour Gina, c’est pareil !
Très bel hommage, dans lequel se glisse une anecdote qui vaut son pesant de Lollo. Et chouette référence à la tirade d’Elinor dans « Babylon » (rare moment à sauver de ce film, je suis bien d’accord).