Coup de projecteur sur un DVD signé Ondi Timoner (mais qui est-ce ?). Donc un film. Mais ce n’est pas du cinéma. Enfin si, c’est du cinoche mais plutôt un documentaire. Mais c’est surtout un prétexte pour écrire sur un groupe que j’aime beaucoup, les Dandy Warhols. Prétexte également pour sortir de la naphtaline un vieil article paru sur le défunt Subjectif.net écrit par un vieux (aujourd’hui) collaborateur, sur un des meilleurs albums des Dandy. Comme on dit en Hongrie et en Néerlande, je frappe deux mouches d’un seul coup.
Le documentaire raconte le parcours de deux groupes indépendants de rock psychédéliques, deux groupes amis qui partagent le même esprit rock’n’roll de révolte et de création, deux groupes qui se vouent une mutuelle admiration. The Brian Jonestown Massacre (BJM pour la suite de l’article…) et The Dandy Warhols (DW …parce que c’est long à écrire). Le documentaire raconte les choix des deux groupes pour leurs carrières respectives. Sur la même longueur d’ondes au départ, le film montre le choix de DW d’aller vers le public pour se faire entendre et celui de BJM sans concession et qui sort trois albums auto-produits en peu de temps. Ajoutez à cette production débridée des problèmes d’ego dans le groupe, de drogue, de bagarres. D’un côté un groupe sage, réfléchis et talentueux, de l’autre un personnage, Anton Newcombe qui mène la barque de son groupe comme il l’entend, tête baissée direction le mur.
The Dandy Massacre
Les deux groupes ont été suivis et filmés pendant sept ans. Sans concession, sans coupes, sans bienveillance, sans conte de fée. On suit le quotidien de ces artistes et la difficulté de faire une carrière en accord avec ses valeurs. Au fur et à mesure du temps qui passe, des albums qui sortent, on voit les tensions naître entre les deux groupes provoquées en grande partie par le torturé Newcomb qui reproche aux Dandy leur compromission pour connaître la notoriété tout en foutant continuellement le bordel dans le sien.
Le film est signé Ondi Timoner. Spécialiste des documentaires, elle avait déjà signé Voices From Inside Time et The Nature Of The Beast sur une prison de femme et une de ses détenues. Elle tournera également de nombreux clips pour les Dandy, le BJM, The Vines, etc. Dig! recevra le Grand Prix du Documentaire au festival Sundance en 2004.
Le film est truffé de rebondissements, d’actions, de scènes surréalistes à tel point que le doc dépasse la fiction.
Je voulais donner à Dig ! l’allure d’une fiction, même si tout ce qu’on y voit est vrai. Je n’ai pas eu besoin d’ajouter ou retirer quoi que ce soit, ni même de faire rejouer une scène. J’avais la chance d’être face à des personnalités complexes, très humaines au fond : Anton veut les choses très fort et après les détruit, il aime les gens et après les frappe… C’est une figure tragique. Je n’avais qu’à le montrer tel qu’il était. Si j’avais écrit les situations qu’on voit dans le film, personne ne m’aurait crue.
Ondi Timoner – Allo Cine
Malgré l’hostilité, et un peu de jalousie d’Anton Newcombe à l’encontre de son groupe, le leader des DW, longuement interviewé dans le doc, ne cache pas son admiration pour le BJM et son leader perturbé. Tout du long du documentaire le spectateur (moi) oscille entre admiration pour le barge camé qui ne fait aucune concession mais salope sa carrière, son talent et celui plus posé, raisonnable des DW qui bataillent pour tirer des bénéfices de leur art et trouver la notoriété. Si le BJM est le groupe d’un seul homme, Anton, soumis à ses caprices, ses humeurs et son addiction – ses addictions – les DW forment un vrai groupe qui regardent dans la même direction.
Je souhaitais suivre le parcours de dix nouveaux groupes pour voir ce qui se passe quand art et commerce se rencontrent. Mais au bout de quelques mois de tournage, j’ai compris que tout ce que je cherchais était concentré dans l’histoire de deux groupes : les BJM et les DW. Je me suis vite aperçue que les DW étaient plus à même de récolter un succès commercial : en studio, ils étaient vraiment concentrés, et il régnait une bonne entente entre eux. Anton, lui, semblait en guerre avec l’industrie du disque avant même de la connaître. Il avait envie d’en découdre. Bien sûr je ne savais pas que les DW auraient un tel succès, ni qu’Anton allait devenir jaloux de Courtney : il semblait presque amoureux de lui au début.
Ondi Timoner – Allo Cine
Ce documentaire fascinant à regarder est un vrai morceau d’histoire d’autant que les groupes existent encore aujourd’hui. L’un est devenu culte avec un Newcombe aujourd’hui marié et père. Il continue à faire de la musique avec son groupe ou en collaboration avec des artistes divers il est très demandé pour la caution rock destroy et ses idées (Limananas, Tess Parks, Moogy) alors que les Dandy peinent à retrouver la brillance, l’intensité et l’inspiration des premiers albums. Mais ça reste deux grands groupes, piliers de l’histoire du rock. Quant au film d’Ondi, c’est un monument qu’il faut avoir vu au moins une fois (moi j’en suis à la dixième !) si on n’aime le rock et ses artistes maudits et têtes à claques.
En fait, je voulais m’arrêter bien avant, mais vu la quantité de pellicule, le montage a été très long. Quand j’ai commencé, à 23 ans, je n’imaginais pas que je tournerais 1500 heures de film. A plusieurs reprises, j’ai pensé : « Ca y est, je viens de tourner la dernière scène. », mais après, pendant le montage, quelque chose de nouveau se produisait, qu’il fallait filmer… Donc si vous regardez attentivement, il y a plusieurs fins dans Dig!.
Ondi Timoner – Allo Cine (l’interview intégrale ici)
Saint Rock priez pour nous
En un temps béni, Saint Rock officiait sur Subjectif.net un blog de Glob aujourd’hui disparu. Il nous avait pondu cette revue d’effectifs du nouvel album des Dandy Warhols. Etonnant, connaissant le personnage, qu’il ait tendu l’oreille pour ce groupe de beatnicks drogués nés bien après les années 50. Parce que Saint Rock, si mes souvenirs ne me font pas d’entourloupe, il me semble bien que c’est lui. Message personnel à Saint Rock, je suis un exalté !
THE DANDY WARHOLS : Thirteen Tales From Urban Bohemia
Le premier titre Godless est une balade pop, faisant la part belle aux guitares et à une magnifique trompette qui vient s’incruster avec bonheur dans la trame de ce superbe morceau.
Malgré une intro arabisante un peu longue Mohammed est aussi une superbe balade où comme dans le titre précédent la musique prend le pas sur le chant.
Nietzsche est une superbe composition à tendance psychédélique, là aussi le chant est relégué au second plan, au profit de la musique.
Country Leaver est une plaisanterie country, où les animaux de la ferme ont été appelés en renfort pour poser le climat. Pas de quoi casser trois pattes à un canard (normal), juste sympathique.
Solid porte bien son nom, cette chanson est béton, de quoi vous faire danser tard dans la nuit.
Comme cette dernière est belle et étoilée vous pourrez continuez à vous éclater avec Horse Pills, pas géniale mais suffisamment remuant pour vous faire bouger.
On repasse au sérieux avec l’énergique Get Off, quand la pop prend de la vitamine et s’envoie en l’air.
Sleep est une honnête chanson, qui ne vous fera pas relever la nuit, mais se contentera de vos caresser dans le sens du poil.
Idem pour Cool Scene.
Bohemian Like You vous attirera irrésistiblement vers la piste de danse, où vous pourrez vous laisser bercer par sa mélodie.
Shakin’ serait-il un hommage à l’iguane ? On dirait que ce titre a été écrit spécialement pour lui.
Big Indian est plutôt sympa, sans plus.
J’aime bien le dernier titre The Gospel, c’est une belle balade.
Certains exaltés crient déjà à l’album de l’année, d’autres font la fine bouche. Moi je pense tout simplement que c’est un bon disque avec quelques grands moments.