Christophe Simplex – Interro écrite #4

La quatrième (déjà ? Qu’est-ce que ça passe vite !) INTERRO ÉCRITE de la série est consacrée à Christophe Simplex, patron et fondateur du label Simplex Records.
Vous pouvez lire l’article consacré à la sortie du troisième disque du label, Ganafoul « Sider Rock » (CLIQUEZ ICI !).
Aussitôt les questions envoyées je recevais les réponses. Merci Christophe, quelle réactivité ! Nous n’attendrons pas avec impatience et gourmandise les réponses. Les voici !
T'as quel âge ? Simplex c'est ton vrai nom ?
Comme je suis coquet, je ne donne pas mon âge. Mais je te donne un indice, je suis né en 66 à Lyon. Et effectivement, c’est mon patronyme.
Quel est ton parcours ? Tu joues de la musique ? T'as eu des groupes ? T'as fait des disques ?
Mon parcours musical passe d’abord par la presse écrite (Mr. Hublot, Jukebox Magazine, le Club des Années 60), par la radio (une émission sur le rock lyonnais pendant des années sur TSF Lyon) puis par les groupes, comme chanteur, auteur et parfois compositeur : les Inoxydables d’abord entre 1991 et 1995 avec un album à la clé, puis Deuce (2000-2014) avec deux albums, 1 maxi CD et un 45 tours vinyle. Et plein de concerts sympas.
D'où est venue cette idée saugrenue de monter un label (déjà, ça c'est un sacré challenge!) et, qui plus est, consacré aux groupes et artistes lyonnais ? C'est pas un peu casse-gueule ?
Je suis un digger, un passionné de vinyles, depuis toujours. Et j’ai également une culture « labels », ce qui n’est pas très courant en France. C’est ainsi que j’achète tous les disques de certains labels, du passé comme les pionniers lyonnais JBP et Soder, et même contemporains comme Tricatel. Une de mes autres lubies est de collectionner les disques de tous les groupes et artistes lyonnais enregistrés avant 1990. Lorsque la BML (Bibliothèque Municipale de Lyon) s’est attelé à cette tâche il y a quelques années, ils se sont adressé aux disquaires lyonnais et mon nom revenait souvent dans les échanges : ils m’ont donc contacté et nous avons été amenés à collaborer. J’ai décidé de me servir des quelques subsides récoltés pour réaliser un de mes fantasmes, à savoir créer mon propre label. Du fait de mon parcours, ça ne pouvait se faire qu’en vinyle et qu’avec des groupes lyonnais du passé. Mais uniquement pour sortir des enregistrements inédits ou sortis confidentiellement en K7. Financièrement, c’est plus que casse-gueule en effet, mais à partir du moment ou tu acceptes que ce ne soit pas rentable, ce n’est plus un problème ! Le plaisir que ça me procure n’a pas de prix… J’aime dire que Simplex Records est ma danseuse. Cela dit, j’’essaie de faire en sorte que les pertes soient minimales. A terme, je souhaiterai que la sortie d’un album et le « back catalogue » permettent de financer la sortie suivante. On n’en est d’ailleurs plus très loin.
Aurelia Kreit chez Simplex Records
Ton label te fait vivre ou t'es obligé de travailler en dehors ?
Comme indiqué plus haut, le label me coûte plus qu’il me rapporte si l’on s’en tient au seul aspect financier, donc heureusement j’ai un boulot à côté sinon ce ne serait pas jouable.
Combien d'exemplaires tu presses ? Tu vends tout ?
Mes trois références ont été pressées à 300 exemplaires chacune. Pour la petite histoire, le pressage est effectué à côté d’Annecy, à la Manufacture de Vinyles. Les disques du Voyage de Noz et d’Aurélia Kreit, sortis simultanément fin septembre 2019, s’écoulent plutôt lentement. Par contre l’album de Ganafoul sera bientôt sold out alors qu’il est sorti il y a moins d’un mois et qu’il n’y a pas eu encore énormément de battage médiatique. Nous sommes en train de réfléchir un petit repressage pour ne pas frustrer les nombreux amateurs du groupe. Pour tout te dire, j’avais sûrement un peu sous-estimé la trace indélébile laissée par Ganafoul dans tout l’hexagone.
Le Voyage De Noz chez Simplex Records
As-tu sollicité les maisons de disques pour une distribution nationale ? Quels sont tes rapports avec elles, s'il y en a.
Pour le moment je n’ai sollicité personne. Je travaille uniquement en local avec quelques disquaires indépendants à Lyon et Saint-Etienne, et par correspondance. On verra par la suite, je suis ouvert aux discussions !
Avec qui négocies-tu les droits ? C'est compliqué ? As-tu rencontré des refus ?
Aucune difficultés puisqu’il s’agit d’enregistrements inédits, la plupart du temps. Il n’y a donc rien à négocier puisque je paie les droits de reproduction à la SACEM. Quand aux artistes, ils récupèrent leurs droits SACEM et bien entendu je leur donne des exemplaires du disque.
Comment réagissent-ils ? Ils sont coopératifs ?
En général ils sont plutôt flattés et très contents. Mon leitmotiv est la passion, le plaisir et la bonne humeur, et je souhaite avant tout réaliser de beaux objets qui fassent plaisir aux groupes. J’attache en effet autant d’importance au contenu qu’au contenant : belles pochettes / belles sous-pochettes, beau vinyle. Il faut donc que tout se passe en parfaite collaboration avec les artistes. S’ils traînent les pieds pour collaborer ou qu’ils jouent les divas, je laisse tomber illico, c’est aussi simple que ça.
Dans le travail de réédition quels sont les problèmes récurrents ? Qu'est-ce qui est le plus difficile ?
Le plus difficile est, une fois qu’on a entendu parler d’enregistrements inédits, de les localiser. Ensuite, en fonction de la source, la 2e difficulté est de les « restaurer » pour qu’ils passent le cut au moment du pressage en vinyle.
Combien de temps entre l'idée et la sortie du vinyle ?
En moyenne l’accouchement dure neuf mois. D’abord parce que je veux prendre le temps de faire les choses bien. Ensuite parce qu’il n’y a pas d’urgence. Les enregistrements de Ganafoul attendaient depuis 1975, donc on n’était plus à quelques mois près.
Quelle réédition ou sortie rêves-tu de faire ? Une ou plusieurs.
Mon groupe lyonnais favori, mon premier disque acheté en 1980, était Starshooter. Je sais qu’ils ont enregistré des titres en anglais, probablement chez KCBE-Soder en 1976. Ce serait fantastique de les sortir ! Publier des enregistrements inédits d’Electric Callas me plairait bien aussi.
Et pourquoi tu ne le fais pas ?
Pour Starshooter, les enregistrements semblent bel et bien perdus. Mais qui sait, peut être qu’une K7 ou une bande qui traine dans un grenier refera surface un jour. Quand à Callas, déjà je ne sais pas s’il y a suffisamment de matière inédite. Par ailleurs, je ne connais pas personnellement Jangil mais je sais que par le passé plusieurs projets de réédition – parfois bien avancés – ne sont pas allés au bout pour des raisons que j’ignore. Faudrait que je le contacte mais pour le moment, j’ai pas mal de choses sur le feu.
Après Floo Flash, d'autres projets ?
Oui, il y a 3 autres projets d’albums dans les tuyaux, plutôt bien avancés puisque l’un en est déjà à l’étape du mastering. Mais je ne peux rien dévoiler de plus…
Tu vas faire Factory ? Oui, quand ? Non pourquoi ?
J’aimerais beaucoup, car, comme Ganafoul, c’est un groupe que j’ai toujours admiré et dont j’ai tous les disques. Mais pour le moment c’est trop compliqué pour des raisons diverses et variées, et je ne veux pas gaspiller d’énergie et d’enthousiasme pour régler des embrouilles alors que j’ai plein d’autres projets sur le feu. Maintenant, si les planètes s’alignent un jour…
Est-ce qu'il y a une question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t'ai pas posé ? Si oui, te gênes pas, fais question et réponse.
Je veux insister sur le côté « local » du label dont un des mots d’ordre est 100% lyonnais. Tu auras remarqué – ou pas – que le logo du label représente la fameuse statue de la place Bellecour (Louis XIV à cheval). Puisque je revendique la lyonnitude du label, il faut mettre un coup de projecteur sur mes deux complices sans qui Simplex Records n’aurait tout simplement pas vu le jour. Xavier Desprat dans un premier temps (Honey Pie Studio), ingé son qui s’occupe avec brio de toute la partie « mastering ». Et Stéphane Pétrier (Atticus Communication) ensuite, créatif responsable des visuels et de l’infographie de toutes les pochettes. En plus d’être talentueux, ces deux là sont d’une gentillesse absolue, et travailler avec eux sur ces projets est un kiff absolu.

Merci Christophe.

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