Je vais dire du mal. J’aime bien dire du mal. Enfin, non, pas vraiment, je préfère raconter des livres passionnants, des disques brillants et vous donner envie de partager avec moi ces passions.
Mais là, je vais dire du mal de trois livres que je n’ai pas réussi à finir et ça me met dans une colère noire. C’est tellement rare. En général l’histoire est suffisamment passionnante pour faire oublier que le livre est écrit avec les pieds.
Le premier de ces 3 livres : Federer
Soit disant une bio. Mais tout est bio maintenant. Thomas Sotto raconte « Rodgeur ». Tout ça parce que le journaliste, à force de harcèlement, a eu la privilège de rencontrer son idole, de l’interviewer et de faire des selfies avec le suisse. Le buzz provoqué par cette rencontre a certainement donné l’idée aux éditions du Rocher de financer un bouquin de fan (et vous savez ce que je pense des fans !) pour surfer sur la vague. Résultat, une pignolade de fan en chaleur aussi vide que le compte en banque de Roger est plein, dans laquelle on n’apprend rien. Au bout de la page 50, tel sœur Anne ne voyant rien venir j’ai passé les 150 autres en lecture oblique (en diagonale… j’explique pour les limités) en moins de temps qu’il faut à Roro pour gagner son service.
Donc dans l’absolu, j’ai finis le bouquin mais… non.
Livre 2 : Jean-Jacques Goldman
Je m’attendais à du sérieux, du lourd. Fred Hidalgo n’est pas un débutant. Il traîne ses sabots dans la chanson française depuis des lustres. Il a créé des magazines de qualité sur le thème qui se sont cassés la gueule les uns après les autres justement parce qu’ils étaient de qualité. Fred t’aurais du mettre dans tes magazines Cabrel en slip, Jeanne Mas topless ou Lara Fabian nue chantant sous la douche… euh, non pas Lara Fabian.
Des livres, il en a écrit et édité un paquet. Pourquoi celui-ci est chiant ? Because le Fred passe son temps à parler de lui plutôt que de JJ. De ses créations, de ses déboires, de ses réussites, de ses échecs et du fait qu’il est pote avec le gratin de chanson française, même Bruel. Le style est carrément pleurnichard (« y font rien qu’à m’embêter »). Résultat des courses, je me suis arrêté à la page 289 sur 700 et cake tant le propos est gonflant et que c’en est presque gênant de lire un mec qui se met en avant à la place du héros tout en se pleurant dessus.
Livre 3, Ziggy Stardust
Vous connaissez mon admiration sans borne pour Bowie. Je me suis donc procuré ce bouquin et j’ai sauté dedans des deux pieds avec fringale de lire ce qui était au départ un journal de bord tenu par Bowie à l’époque de Ziggy pour le magazine anglais Mirabelle. On est en 1973 et le boBowie est une star planétaire se retrouvant très vite accaparé par sa carrière. Il confie (comme les fruits) le projet à sa copine Cherry Vanilla qui va être chargée de raconter sa vie. Le problème est qu’on ne sait plus si c’est vrai, si c’est sa vie à elle ou celle de Ziggy.
C’est puérile, sirupeux (Vanilla), écrit (ou traduit) à la va comme j’te pousse et à peine digne de figurer dans les colonnes de Voici ou Podium pour ceux qui connaissaient ce magazine lancé par Claude François. Certes, Mirabelle était un torchon pour ados prépubères en chaleur, mais tout de même. Voici un extrait :
Je parie que vous m’avez toujours considéré comme un garçon très convenable. Eh bien, je dois l’avouer, pas convenable au point de ne pas relancer deux ou trois tartes quand c’est en état de légitime défense ! Mon nouveau costume était couvert de jus de noix de coco et de crème au chocolat !
Cherry Vanilla – Les papiers de Ziggy Stardust – Hachette Littérature
Ça vole pas haut. Dommage, il aurait été plus judicieux de confier cette mission à un Lester Bangs ou un Cameron Crowe (plumes célèbres chez Rolling Stone) qui nous auraient décrit avec style et panache les orgies londoniennes pleine de stars droguées, éméchées. Dommage !
1 bouquin celui de Manœuvre
J’ai lu sa bio au Manœuvre et aujourd’hui je suis incapable de vous dire si c’était bien ou pas. Je ne me souviens de rien, ça ne devait pas être passionnant, l’histoire de ce journaliste français rock devenu aujourd’hui la référence, l’expert invité sur les plateaux télé dès qu’un dinosaure meurt.
Il vient donner son avis au peuple français dés qu’une star suffisamment connue fait parler d’elle ou a besoin de promo (mort, mariage, fin de carrière, nouvel album) que ce même peuple français ne connaît certainement pas à part le tube et dont il se fout royalement.
Il est vrai que Manœuvre n’en est pas à son coup d’essai. Il en a pondu des livres sur le rock, mais on est loin d’un Lester Bangs ou d’un Nick Tosches. Je préfère de loin ses Discothèques Idéales ou ses chroniques dans Rock’n Folk. Notre Phil est-il au journalisme rock en France ce que Johnny était à la musique rock ? Une escroquerie ? Naannn, j’déconne ! Mais pas loin.