Nino Ferrer est un monument de la chanson française alors qu’il était italien car né à Gênes. Son répertoire est aussi riche que varié et fait aujourd’hui partie de la mémoire collective, du patrimoine – comme on dit – que je vais quand même vous rafraîchir (la mémoire, pas l’patrimoine).
Nino Ferrer vous voyez ?
Le dandy des sixties qui se fit une réputation de rigolo avec ses chansons poético-débiles, influencées par le rock anglais que Nino avait réussi à cerner et à maîtriser. Un peu comme Dutronc à la même époque. Ils prenaient tout ce qu’il y a de bon dans le rock anglais (guitares, mélodies, rythmique, esprit) et y collaient des textes plus ou moins chiadés mais en tout cas toujours pleins de poésie. Contrairement à Dutronc, Nino écrivait la majeure partie de ses textes.
Mais Nino Ferrer était un vrai musicien, un véritable artiste qui aimait la musique. Son talent ne se limite pas aux gaudrioles qui ont fait son succès (Mirza, Le Téléfon, Oh Hé Hein Bon, Les Cornichons, etc.). Après avoir aligné les tubes comme on enfile des perles, il sort son premier véritable album, concept album, Métronomie tend plus vers le rock progressif, le rythm and blues, le jazz et les grandes impros à base d’orgue, de guitare. Cet album contient deux pièces maîtresses de son répertoire Pour oublier qu’on s’est aimés et La Maison Près de la Fontaine. Ce sera le début d’une carrière plus musicienne tournée vers toutes les musiques qu’il aimait mais qui ne fera pas l’unanimité. Désespéré de ne pas rencontrer le même succès qu’avec ses premiers titres, en pleine dépression, il se suicide en 98 de dépit devant l’ignardise de ses contemporains.
Tu te rends compte, j’ai écrit, composé et produit près de deux cents chansons, et les gens n’en connaissent que trois. C’est comme un peintre prolifique dont on ne connaîtrait que trois tableaux, car tous les autres sont dans des coffres.
Nino Ferrer à son ami Richard Bennett
Bref. Je ne suis pas là pour la nécro mais pour vous présenter quelques reprises, hommages à Nino.
Garage suédois
Édité par le label français Larsen Recordz en 2005, l’album vinyle A Tribute To Nino Ferrer est sous-titré « 16 garage shots of rhythm and soul ! ». Tout est dit !
Ça féraille dur et de tous horizons. Les artistes sollicités sont suédois (Dee Rangers), anglais (Dee Rangers), allemands (Bomb Texas, The Cool Jerks, The Montesas, The Thursday’s Rhythm & Beat Organization, The Hara-Kee-Rees, Curlee Wurlee, The Monocaines), italiens (Link Quartet), belges (Dutronic, The Gonks), hollandais (The Waistcoats), français (Sheetah & The Weismuller, Benny Gordini with the Teen’ Axel Soul Arkestra, Curlee Wurlee, Les Dragueurs, The Maybes) et quelques américains dans le lot (Les Dragueurs). La pochette est superbe en jaune et parme. Les étrangers qui chantent en français sont bien marrants. Aucune chanson de Nino n’est dévoyée, ce sont des reprises d’admirateurs qui ne font qu’appliquer à l’œuvre de l’artiste leur talent et leur style. Ça s’écoute facile, ça fait bouger le popotin, c’est gai, frais et il ne reste plus, après son écoute, à retourner aux originaux. Du bon rock garage, bourré d’orgue et de guitare et le premier arrivé attends les autres.
Mirza devient Mirdza.
Dee Rangers
Ce chien, cedchien.
Et ça y est je le vois, ça yè dje lebvois !
Veut tou venir idzi et ne boufgeu pas !
Cuisine française
Le projet, initié par Hervé Paul en 2005 également, est simple. Des artistes qui aiment Nino, un ou deux jours de studio max, de l’analogique, des lampes et de vrais instruments. Pas de samples, ni plug-ins, ni numérique. Et le résultat est à la hauteur avec quelques faiblesses du côté de certaines reprises qui n’apportent pas grand chose sinon mettre en valeur les monuments qui subliment l’œuvre du Gênois.
Alain Bashung s’en tire toujours très bien dans l’exercice de la reprise avec Le Sud, Arno règle la guitare sur la rocaille de sa voix pour une Mirza qui a plus du pitbull que du teckel. J.P. Nataf nous la joue banjo pour un Oh! Hé! Hein! Bon! sautillant et M nous vend des robes bien pop et colorées. La Rua Madureira est honorée par Cali et Autour De Lucie, à vous de choisir. Les belges de Venus proposent une version anglaise et dépouillée de Le Sud (South), pour ma part j’en resterai çà la version originale. J’ai découvert Fabien Martin et sa version bien sombre de Riz Complet.