Il s’appelle Keywan Karimi et a trente ans. Il est cinéaste et son pays, l’Iran, n’aime pas beaucoup ça. Parce qu’il a réalisé un documentaire sur les graffiti à Téhéran, « Writing on the City », il a été accusé d’ « insulte aux valeurs sacrées » et de « propagande contre le régime ». Condamné en octobre 2015 à six ans de prison, sa peine vient d’être commuée à un an de prison et 223 coups de fouet. La nouvelle a été reprise par tous les médias occidentaux et des rassemblements de soutien sont déjà annoncés à Paris.
Le fouet
Et là, on se prend à être cyniques. Imaginons un monde où, désormais, on ne peut plus dire quoi que ce soit sans être contrôlé. Bon, pas besoin de faire un grand effort d’imagination, celui-là existe malheureusement déjà et il est voué à s’agrandir. En revanche, un monde où commettre un mauvais film serait passible de 223 coups de fouet ? Je ne pense bien sûr pas au pauvre Keywan mais à d’autres, qui ici ou ailleurs (et quand même, reconnaissons-le, pas mal ici), tentent de remplir les tiroirs-caisses avec n’importe quoi. Parce que si l’on ne peut qu’être opposé au jugement iranien, on se dit qu’il y a ici des coups de fouet qui se perdent. De quoi ? Tu veux raconter pendant deux heures l’histoire d’un mec qui plonge en apnée ? Clac ! De quoi ? Tu penses qu’en montrant de jeunes cons en train de faire les cons et de tout saccager dans un appartement et ailleurs, tu peux t’aligner sur un gros succès américain ? Clac ! Et tu nous en ponds un deuxième ? Reclac ! Ça en calmerait quelques-uns et, quitte à avoir beaucoup moins de films nouveaux tous les mercredis, on aurait peut-être du meilleur.
Bon, allez, je déconne. On vit quand même mieux en démocratie. Pour combien de temps encore ? Alors, soutenons Keywan Karimi, signons la pétition en sa faveur et rendons-nous aux soirées hommages et projections qui lui sont consacrées : pour les Parisiens, ce sera le 13 décembre au Cinéma des cinéastes à Paris.