Vous ai-je déjà raconté une des plus fameuses conférences de presse qui se soient tenues à Cannes, pendant le festival ?
La société Private installait alors ses pénates sur la Croisette et elle y est revenue depuis tous les ans. Une quinzaine de journalistes sont présents, face à un acteur et cinq-six actrices, de celles qui mettent beaucoup de talent dans leur wonderbra.
Laissons les mouches tranquilles
« Voici Machin, Truc et Chosette (un mec présente tout ce joli monde), qui tous ont participé à la dernière production Private. Des questions ? »
Une escadrille de mouches passe en silence. « Bon, reprend le type, on peut passer aux photos ! » Et voilà mes journaleux qui se précipitent sur la plage, tout en zooms. Les filles commencent à onduler devant les appareils et à prendre des poses lascives. Certaines miment, sur l’acteur, des actes que la morale m’interdit de reproduire ici et, voyant œuvrer ces jeunes dames, je leur rendrais volontiers l’appareil. Même s’il n’est pas à elles.
« Oh la la ! se lamente à son copain un type derrière moi, avec l’accent d’un reporter de « Nice Matin ». Regarde la petite brune, ça doit être une salope ! » D’autres, plus prosaïques, suggèrent : « Enlevez la chemise ! »
Tomber la chemise
« Peutaingue, n’en peut plus mon confrère, tu vas voir qu’elles vont le faire… » Et elles le font. Je résume la situation : elles se retrouvent les seins à l’air, en petites culottes très échancrées, à nous décocher regards et sourires qui n’ont rien à voir avec ceux du film du même titre de Ken Loach.
Je sens en moi une envie de leur décerner un oscar et j’aimerais bien qu’une d’entre elles viennent chercher la statuette, juste au fond de ma poche. Les culottes sont vraiment un objet fragile, qui s’étirent facilement quand des doigts les manipulent. Et les actrices savent manipuler leurs petites culottes.
« Ça va peut-être suffire », commande le présentateur, alors que les filles sont prêtes à succomber aux supplications des professionnels de la profession : « Enlevez le bas… »
« Ca suffit ! » reprend le mauvais coucheur en jetant un œil inquiet vers la promenade. On s’en est pas rendu compte, mais une petite foule s’est amassée. Mettez-leur des t-shirts de l’équipe de France et on se croirait sur les Champs le soir de la Coupe du Monde. Et que ça gueule et que ça te photographie, sur la Croisette. Pour éviter l’émeute, les jeunes femmes remettent sur elles tout ce qui convient et, pour dire qu’on n’a pas tout perdu, la maison nous offre un coup à boire et un petit sac avec des revues et une cassette vidéo de bandes annonces.
Vous trouvez que ça n’a rien à voir avec le festival de Cannes ? De toute façon, bande de jaloux, je vous raconterai plus rien mais je continuerai à adorer les actrices. Si possible déshabillées. Quant aux acteurs, rien à foutre. Eux, ils peuvent aller se rhabiller !
Photos ©Jean-Charles Lemeunier