Shaka Ponk – Halle Tony Garnier, Lyon (France) – 13 Mars 2019
Ça faisait un moment que je voulais les voir sur scène. Parce que sur disque c’est quand même quelque chose. Ils n’ont rien inventé mais ont eu le génie de faire une synthèse entre le rock à guitare, l’électronique, l’infographie, le hip-hop avec un sens évident de la mélodie et du gimmick qui frôle la perfection. Leur production vous imprègne la tête à la vitesse du son. Et même si les voix de Sam et Frah ne sont pas des modèles du genre, elles ont l’avantage d’avoir une véritable personnalité, une identité qui fait que le son de Shaka Ponk est reconnaissable entre tous.
Shaka Ponk en vrai
En parlant de Frah, là, faut avouer qu’on a une véritable bête de scène qui emmène tout son petit monde à l’allure folle d’un train lancé sans frein. Ce mec est incroyable. Sa gestuelle, ses bonds, ses tatoos, sa dégaine, ses costumes, son chant, son rapport très proche, parfois trop, avec le public en font ce qui se fait de mieux en live en France. Derrière et même à côté, la belle Sam est le pendant féminin avec la retenue et la sensualité toute féminine. Et puis les musicos (Mandris, CC, Steve, Ion) qui solidifient les fondations à grand coup de rythmique, d’électronique, de guitare et qui assurent le background avec fougue et toujours enthousiasme.
Vous ajoutez à cette magnifique tornade la scénographie, toujours époustouflante et vous avez pour moi le meilleur groupe français de rock depuis Noir Désir. Normal pour la scénographie. Ils font tout eux-mêmes. Les clips, les dessins, les personnages, les films, les animations en 3D et balancent tout sur leur site Internet. Et ça marche pour eux. Malgré l’ignorance crasse des médias à leur égard, ils remplissent aujourd’hui Zénith, Olympia, Bercy de tous poils et sans s’forcer.
Geeks on stage
Je les ai d’abord découvert avec leurs disques, puis commencé à regarder les vidéos et pour enfoncer le clou le DVD Geeks On Stage de leur concert à Bercy en 2013.
Le DVD donne une bonne idée de ce qu’est Shaka Ponk dans ses excès et ses talents. Les bonus, un documentaire sur la préparation de ce concert à part et le concert en lui-même sont une véritable ode à l’imagination, la créativité et le talent des membres du groupe.
Donc je voulais les voir. Donc je les ai vu. Mais putain, y’a qu’des vieux dans le public. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais pas à voir des familles entières, des vieux rockers sur le retour, des crânes chauves en pagaille et aussi des cheveux en bataille; et même derrière moi, un groupe de gonzesses en guoguette, la cinquantaine bien tassée, tirées (non pas par moi) à quatre z’épingles, bref plus très fraîches derrière leur make up.
Shaka Ponk, ça commence !
Après une première partie assurée par KillASon, le rappeur à plumes qui ferait presque regretter l’invention du home studio et des ordinateurs même si, seul sur scène aidé de son bazar électronique, il arrive à nous faire patienter avec des rares moments de bonté divine. Mais rares.
Arrivée des Shaka sur scène, les vieux sont déchaînés. Z’ont bouffé du Charal, j’vais finir à poil. Après Dick Rivers encore un concert patronné par EPHAD ? Me dites pas qu’il faut que j’aille voir Rihanna pour être entouré de jeunes filles en fleurs et de jeunes hommes en acnée, meeeerde !
Bon, le concert décolle à la verticale immédiatement et sans sommation. Les musiciens et l’infographie se déchaînent. C’est bruyant, c’est rock, c’est beau, parfois magnifique. Ça bouge dans tous les sens. En 3D, en 4D, en 5D. Il se passe des trucs de partout, sur scène, derrière la scène, dans la salle. Tellement à voir. Un peu comme un match de foot, le stade c’est bien pour l’ambiance mais on voit mieux à la télé.
Question ambiance, s’il n’y en a pas, Frah et Sam sont là pour élever le débat et pousser au cul un public un peu mou du genou parfois. A force d’haranguer la foule, de sauter dans le public, de marcher sur ses mains, de faire la danse circulaire (voir la vidéo. J’ai fait un tour et puis m’en suis aller la filmer.), tout le monde se réveille et ça se met à sauter dans tous les sens, enfin.
Le groupe ne se contente pas de faire son job, il veut la participation des petits Shaka Ponk, c’est à dire nous le public. Il exige un dialogue, un engagement et que ça réponde. Une vraie partie de Pink Ponk. Shaka ne veut pas que l’école soit finie, ne regarde pas à la dépense d’énergie et balance ses meilleurs titres et une bonne partie de leur dernier album Elov. C’est carré, bien en place et un vrai plaisir de les voir et de les entendre. C’est bon et ça fout les poils !
Douceurs chez les brutes
Pour nous laisser souffler, CC se retrouve seul sur scène avec sa guitare sèche pour une petit moment de musique bucolique. Instant gâché par ce public bourrin qui se croit obligé de taper dans ses mains dés qu’il a compris le rythme. Et même pas en mesure. Putain, arrêtez de taper dans vos mains dés que vous entendez de la musique. Commencez par l’écouter et faites pas chier. On aura droit au solo de batterie de Ion en duo avec Goz, le gorille virtuel mais réel 6ème membre du groupe. Et comme Goz est virtuel et qu’il fait ce qu’il veut, il fera apparaître, Kurt Cobain, Prince, Bowie et Lemmy… Je n’en dis pas plus allez voir ça.
Puis ça repart sur les chapeaux de roues. On aura droit à la fameuse et très réussie reprise de Smell Like Teen Spirit de Nirvana et pour terminer en beauté avec une autre de Noir Désir, Tostaky.
Voilà, c’est fini.
Trop court.
Mais on reviendra.