Donc, un jour de mars ou d’avril 2002 — puisque « Trois zéros » est sorti le 24 avril —, je reçois une invitation pour aller voir le film de Fabien Onteniente. Le Fabien, ça n’avait pas démarré super entre nous, puisque le premier opus que j’avais vu de lui, « Grève Party », n’était pas fameux. Assez réac, même. Je me souviens de la rencontre presse avec le Fabien et son acteur principal, Daniel Russo. Qui s’assoit à côté de moi et tout de go me demande si j’ai aimé le film. Ben, non ! Et plutôt d’embrayer sur le pourquoi et d’ouvrir une discussion faite d’arguments de part et d’autre, me lâche : « Encore un qui aime Doillon ! »
Comme si, à l’époque, on aimait Doillon OU Onteniente, sans vraiment avoir le choix. Bref, deux ans après, je retrouve Fabien avec « Jet Set », une assez heureuse surprise, en fait un film plutôt sympathique. Donc, les relations redeviennent cordiales. Et puis, hélas, « Trois zéros ». Bon, déjà, on est d’accord, le sujet m’emballait pas plus que ça, plutôt moins, même. Mais quand même… Quand même…
Et ça a donné cet article. Que je ne renie pas !
En revanche, je ne me souviens plus du tout de la rencontre presse. Et à peine du film. Le foot, lui, est toujours sur la sellette. On en fait de plus en plus des caisses, avec lui. On est plus nombreux à parader pour le foot que pour sauver des emplois. Que voulez-vous, puisqu’on nous donne du pain et des jeux, on est heureux, non ?
Et puis on est champions du monde ! Deux étoiles sur nos t-shirts ! Alors, ok, ok, je la ramène pas. Mais je n’en pense pas moins !
Il paraît que Onteniente nous prépare une suite à « Trois zéros ». Qui s’appellerait… C’est quoi, le score du dernier match ? Faut que je gogolise, parce qu’à vrai dire, j’ai rien suivi du tout. C’est facile, vous tapez « Score Coupe du monde » et vous tombez sur France-Croatie 4-2.
Donc, Fabien, il va intituler son film « Quatre deux » ? C’est nul, non ? « À la six quatre deux » ? Bof ? Et puis, entre nous, il n’a qu’à se démerder, surtout qu’il ne m’a rien demandé.
Kanibalekter, le 29/07/2018
Et 1 ! Et 2 ! Et 3…
A propos de 3-0, Fabien Onteniente nous livre son petit couplet sur le foot, ce sport si populaire qu’il ne peut que remplir les salles projetant un film qui lui est consacré. En fait, Fabien Onteniente reprend la vieille formule déjà éprouvée dans son précédent opus, Jet Set (à savoir, comment être dedans quand on est à l’extérieur ?) et nous la ressert dans les milieux footballistiques.
Le cinéaste le répète à l’envi : il dénonce. Le problème, c’est qu’il le fait avec l’accord des grandes structures (le PSG) et la participation active des principaux acteurs du foot (les joueurs, les commentateurs…). Et que dénonce-t-il ? Ce que tout le monde sait (y compris moi, qui n’en ai vraiment rien, mais alors rien à foot du foutre et plutôt deux fois vice versa qu’une) : qu’il y a un paquet de fric dedans et autour de ce sport.
Ah bon ! Les joueurs tapent dans ce fameux ballon rond pour bien gagner leur vie ? Ils ne sont pas bénévoles ? Ah bon ? Leurs agents seraient des sortes de mafieux prêts à ne se remplir que les poches et se moquant complètement du reste ? Tudieu ! Et quitte à taper dans quelque chose, les footeux veulent, aussi, se taper les gonzesses de rêve qui vont avec le succès.
Jet, set et match
Jet Set fonctionnait parce que pas mal de personnages y étaient attachants, jusque dans le camp des » méchants « . L’épaisseur des protagonistes de 3 zéros est délayée dans la convention pure et simple de la comédie balourde. On n’est plus dans ce monde surfait de la jet set, mais dans un milieu sur lequel sont braqués des milliers de caméras et des milliards de regards.
Onteniente y va donc avec des pincettes, ne nous balançant que des secrets de polichinelle et restant malgré tout respectueux. La charge perd de son acuité et ce n’est pas la promotion démesurée faite par la chaîne du foot (vous savez, celle qui vient de lourder son p-dg sur le sort duquel tout le monde verse sa larme de crocodile, le pôvre) qui me fera penser le contraire.