D’accord vous me direz que l’auteur de ce livre : « Degré de culpabilité » est avocat de métier. D’accord, vous me direz que les comptes rendus d’audience au tribunal c’est un brin rasant parfois (même souvent), tout dépend du type d’affaire traité.
Tout de même, c‘est pas pour lui « mouiller la compresse » (merci San A) à Richard North Patterson, mais il a brillamment réussi son coup en nous faisant digérer avec douceur et simplicité une affaire judiciaire extrêmement complexe.
Un avocat (brillant) se retrouve à défendre son ex qui est accusée de meurtre . Il y a bien eu mort d’homme mais le crime a-t-il eu pour mobile la légitime défense (face à une tentative de viol) ou bien était-il prémédité ?
La mise à jour de cette la vérité va être le gros nonosse de ce bouquin de 635 pages !
« Degré de culpabilité » comme thriller judiciaire on fait difficilement mieux.
Richard North Patterson à la pêche
Pendant 635 pages, Richard North Patterson va à l’instar d’un pêcheur à la ligne qui a fait des nœuds, démêler les fils d’une affaire complexe (je me répète) mais Ô combien intéressante par la richesse de son scénario. Plusieurs histoires parallèles viennent en effet se coller à la trame principale : l’aspect judiciaire.
Ce polar commence mal pour Christopher Paget, bel avocat de quarante cinq ans, brillant et équilibré. Il se laisse convaincre par son ex de la défendre à l’audience préliminaire, celle qui va décider si l’accusée mérite la cour d’assises ou bien si la justice décide du non-lieu.
A-t-on jamais vu un avocat reconnu défendre une femme (Mary Carelli) dont les relations avec lui – quinze ans auparavant – ont été extrêmement étroites ? C’est plutôt rare non ? Et c’est le genre de situation qui fait bigrement jaser dans les hautes sphères du monde judiciaire, surtout quand l’info s’étale à la Une des journaux.
D’autant que : le type qu’elle a dessoudé d’un coup de pistolet la Mary, (ancienne avocate et aujourd’hui journaliste de renom à la télé avec son émission sur ABC et tout et tout……), c’est Mark Ransom, l’écrivain le plus connu des États Unis, mais aussi semble-t-il le plus pervers et le plus violent des écrivains américains.
Objection votre honneur
Vous comprenez alors dans quel bourbier vous entrez quand vous ouvrez ce bouquin ! Mais R. North Patterson s’est occupé de tout. Le style est fluide et la narration passe avec raffinement d’un sujet à l’autre. Et c’est vrai que c’est passionnant de se plonger dans l’instruction d’une affaire criminelle, ne serait-ce que pour compter les coups échangés entre le procureur et la défense : pas de quartiers, pas de sentiments. Ce qui m’a scotché, c’est le degré de précision que les protagonistes de cette bagarre politico-judiciaire (n’oublions pas qu’aux États Unis les procureurs sont élus) atteignent dans l’établissement des preuves ou des causes probables au cours de l’instruction.
Une fois dans l’ambiance, bien immergé , tu ne peux plus te détacher de « Degré de culpabilité » (Le Livre de Poche) (Grand Prix de littérature policière 1995).
Malgré sa relative ancienneté, ce livre reste et restera toujours d’actualité.