Vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ? (Elle est con cette question)
Vous êtes plutôt Piaf ou Fréhel ? (Elle est con aussi)
En ce qui me concerne, je suis plus Stones que Beatles, plus Fréhel que Piaf. Piaf et les Beatles m’ont toujours un peu gonflés. Pas de frissons, pas d’admiration, encéphola… enphécalo… emphole… et merde ! EEG = 0. C’est comme ça, je n’y peux rien. Parfois, je tombe sur une chanson qui me plaît, alors j’y vais. Je me dis qu’ils ne sont pas légendes par hasard, que j’ai du louper quelque chose. Alors j’écoute. Attentivement. Mais très vite, mon enthousiasme se délite comme le sucre dans l’lait et dix sous c’est pas cher. C’est frustrant. Merde, soit ce sont des escrocs, soit j’ai rien compris. Ou alors, mon cerveau, mes oreilles, sont sensibles à certains sons, certaines musiques, certains textes. Et puis on s’en fout. De toute façon j’ai dit que c’étaient des questions cons.
Fréhel et Piaf
Boucherie Prod. aussi, s’en fout. Quelle bonne idée d’avoir sorti de la naphtaline Edith Piaf et Fréhel. D’avoir dépoussiéré les deux divas pour leur redonner de l’éclat, de l’énergie. De permettre à une nouvelle génération de découvrir ces mélodies, ces textes et, peut-être si elle est curieuse, la vie, le parcours et le destin tragiques des deux mamies.
En effet, les deux vedettes en ont bavé des ronds d’chapeaux. Nées à 24 ans d’écart, elles ont toutes les deux connues la rue très jeunes. Pas pour tapiner mais pour chantonner. Elles font leurs débuts de chanteuses sur le pavé d’la rue, dans les estaminets, dans les cirques. Piaf vit dans un bordel, Fréhel fait du porte à porte. Elles feront carrière dans la chanson. La chanson réaliste pas toujours très gaie ni même gay où il est question, de prostitués, de julots, d’amour déçues, de mecs violents, bref la vie quoi. Côté mecs justement, elles les collectionnent. Fréhel épousera Roberty qui la plaquera pour Damia, puis avec Maurice Chevalier qui la laissera tomber pour Mistinguett. Piaf passe de l’un à l’autre, Jaubert, Cerdan, Raynaud (pas Fernand, Tony) Aznavour, Constantine, Bécaud. La légende fait le reste pour ces deux mamies qui sombreront dans l’alcool et la drogue. Des vraies rockeuses !
Sacrées mamies !
Boucherie Prod.
Elles peuvent être fières de leurs petits enfants !
Le bal punkette
Même si certains trouvent cette électrification saugrenue et blasphématoire, il faut bien avouer que ces chansons se prêtent merveilleusement à une relecture couillue. Des chansons signées Marguerite Monnot, Charles Dumont, Vincent Scotto, Charlys, Michel Rivgauche, Paul Dalbret, Maurice Vandair, etc. éructés et crachés par les Garçons Bouchers, Happy Drivers, Bébé Doc, ou susurrés et caressés par Etienne Daho, Stellla, les Tétines Noires.
L’album est assez cohérent. Il s’écoute facile du début à la fin. On se plonge dans ces textes réalistes d’un autre temps, presque humoristiques. Le pauvre grand qui massacre sa mère à coup de rame, les amants disparus, les femmes maltraitées et battues, l’amour, les voyous. La musique est variée, les reprises inspirées. Corman et Tuscadu proposent une version jouissive de Tout change dans la vie, Elmer Food Beat y va rock à fond pour La goualante du pauvre Jean, BB Doc inverse les rôles et fait chanter le mort dans Ohé les copains (V’nez vous rincer la gueule, je suis mort ce matin), Etienne Daho susurre Mon manège à moi, les Wampas mettent du blues dans J’ai dansé avec l’amour, etc. Je ne vais pas tous les passer en revue mais il n’y a rien à jeter. Le disque se termine par une moto (une mobylette ?) qui s’éloigne dans la nuit comme pour dire c’est fini, qu’il ne faut rien regretter, avec Bernadette Soubirou et ses Apparitions qui torturent Non, je ne regrette rien dans une version de 42 secondes douche comprise.
Rendons hommage à Boucherie Prod. et son étalier en chef François Hadji-Lazaro d’abord pour l’ensemble de son œuvre et pour cette idée géniale de faire revivre les 2 grand-mères et de toucher ainsi une jeune génération de punks, rocker, hiboux, apaches, voyous. Nous retrouverons le gros François la semaine prochaine avec une autre bonne idée dont il ne manque pas. Juste un petit B mou, manque Damia, non ?
Prochaine compile, ça va être une boucherie !
Paraît qu’entre Édith et Aznav, c’est resté très pro, et que ces affaires de coucheries, c’est que des menteries. Maintenant, je n’étais pas là pour vérifier. De toute façon, elles avaient le cuir épais ces dames à la voix titanesque. On dit même qu’elles portaient des culottes, des bottes de moto, un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos.
Très chouette article
Merci, très drôle commentaire !
Ni l’une ni l’autre, c’est leurs voix pleureuses que j’aime pas