Charlie Watts était un homme discret, modeste, effacé, réservé, pudique, silencieux, secret. Je crois que je n’ai pas du oublié beaucoup de synonymes de discret. C’est vrai qu’il faisait tâche au milieu de ces drogués mal fringués. Mais loin des frasques de ses compères, il était le pilier du groupe, le plus grand batteur du monde pour le plus grand groupe de rock du monde, les Rolling Stones.
Je ne vais pas vous raconter sa vie, vous avez l’embarras du choix sur le Web puis, bientôt, dans les prochaines éditions des magazines rock français et étrangers.
A la baguette
Charlie Watts donnait cette impression de calme et de sérénité du grand frère qui regarde et veille sur sa fratrie avec bienveillance : Mick farfelu et hyperactif (faudrait qu’il voit un psy, lui), Keith, doué mais un peu trop souvent perché (faudrait qu’il arrête les mélanges), Ron le plus rigolo de tous (Woody Woodpecker). Il restait en arrière, discret, participait aux jeux bizarres de ses frangins. Comme cette fois où ils s’étaient déguisés en femme. Ils s’étaient bien marrés !
Infaillible, c’est Charlie qui construisait les fondations solides et indestructibles permettant aux autres de s’exprimer. Derrière sa batterie toute simple loin des usines à gaz de ses confrères métalleux, il assurait le tempo au poil de cul près. Précis comme un coucou suisse, avec flegme, calme et sérénité, il donnait à ses petits camarades la liberté de faire les fous devant. Si certains perdaient le nord parfois, il était la boussole qui indiquait le bon et droit chemin. J’aimais bien son style particulier de ne pas taper la charlé, de laisser la baguette en suspens et de cogner la caisse claire.
La plupart des batteurs jouent les quatre temps sur le charleston, mais sur le deuxième et quatrième temps, qui forment le backbeat, un élément fondamental du rock’n’roll, Charlie s’arrête en position levée, il fait mine de le toucher et se retire. C’est donc la caisse claire qui domine à ce moment, au lieu de créer une interférence. (…) Charlie traîne sur la caisse claire et est parfaitement en place sur le charleston. Cette façon de faire durer la mesure un peu plus longtemps, et ce que nous faisons par-dessus ça, c’est l’un des secrets du son des Stones.
Keith Richards
Charlie Watts
Côté fringues, le Charlie était loin des excentricités de ses collègues de bureau. Sobre mais de bonne facture, traditionnel mais élégant, il se sapait comme un Lord, à l’anglaise. Je suis sûr qu’il avait un lien de parenté avec Lord Brett Sinclair ou Harry Hart et qu’il se fournissait, comme ses cousins éloignés, chez THE KINGSMAN, Mr Porter Store sur St James Street, ils avaient un taylor en commun (en relisant, je pensais qu’il y avait un jeu de mot mais je ne l’ai pas trouvé, il ne dois pas y en avoir. Donc.). Même quand il posait son céans derrière ses fûts, aucune faute de goût. Décontracté mais toujours dans l’élégance discrète de ceux qui savent vivre.
Batteur des Stones par hasard et par chance, pour lui comme pour eux, sa vie ne fut pas toujours drôle. Il n’aimait pas partir en tournée, il fut très touché par la mort de Ian Stewart, le 6ème Stone, il fut accroc à l’héroïne, il faillit quitter les Stone, sa fille Séraphina tomba dans les drogues et s’en sortit, il chopa un crabe à la gorge, bref, c’était pas tous les jours facile pour le batteur. Il est quand même resté avec la même femme toute sa vie. Ce qui est un exploit dans le monde du showbiz. Et un exploit aussi pour sa femme Shirley Ann Shepherd qui a bien porté sa croix en épousant l’gugusse.
Il aime être à la maison, mais après, chacun vaque à ses occupations et l’excitation du début disparaît petit à petit. Quand je lui propose de faire quelque chose ou de sortir, il me dit qu’il a passé trop de temps dehors. Ça n’est pas juste, vraiment, mais que puis-je faire ?
Shirley Ann Shepherd
DEP Charlie
Le Watts a tiré sa révérence, rangé ses baguettes et les Stones ne seront plus jamais les Stones sans leur batteur. Avez-vous remarqué que Charlie Watts faisait déjà vieux quand il était jeune, vieux par rapport aux gueules d’anges de ses acolytes, résultat, au fur et à mesure que le temps marquait et ridait Mick, Ron et Keith, il était celui qui paraissait aujourd’hui le plus jeune de la bande. Tout vient à point à…
Et quand on demandait aux spectateurs quel était leur Stones favoris, ils répondaient : « C’est le Watt que j’préfère ».
Top l’article et les vidéos et les photos, chouette pour Charlie, merci !!!!! 🙂