Le 9 octobre 2014, vous pensez si je m’en souviens ! J’avoue que je n’avais pas suivi de trop près les événements sur mon poste de télévision mais c’est la rue qui m’a rappelé ce qui se passait.
Oui. Parfaitement. La rue…
Tous les cafés de mon quartier avaient placé leurs téléviseurs sur les terrasses et, malgré l’air vif de ce début octobre, beaucoup restaient dehors, leur verre de bière bien en main, à suivre le déroulé de la compétition. Tous les yeux étaient rivés sur les écrans, de télés ou de smartphones. Dans les métros, les voix des conducteurs résonnaient pour tenir les usagers au courant.
Sur toutes les grandes places du pays, une fan zone avait été installée malgré de strictes consignes de sécurité car l’événement attirait autant de monde dans les rues qu’il n’y en avait chez soi pour le suivre.
Excités, certains voulaient devancer l’appel : Et un ! Et deux ! Et trois ! et ainsi de suite jusqu’à quinze ! Oui, quinze !
On a le champion !
Quand le résultat tomba enfin, en direct de Stockholm, un immense hourrah parcourut le pays comme une poussée de fièvre gagnant un à un tous les habitants d’une communauté. Chacun vibrait, chacun se sentait Français, beaucoup s’enroulaient en pleurant dans le drapeau national, plusieurs avaient entonné d’un air martial La Marseillaise… Putain, c’était beau, cette France en pleurs acclamant son champion.
15 étoiles
Après Sully Prudhomme (1901), Frédéric Mistral (1904), Romain Rolland (1915), Anatole France (1921), Henri Bergson (1927), Roger Martin du Gard (1937), André Gide (1947), François Mauriac (1952), Albert Camus (1957), Saint-John Perse (1960), Jean-Paul Sartre (1964, qui avait décliné le prix), Claude Simon (1985), Gao Xingjian (2000) et J. M. G. Le Clézio (2008), Patrick Modiano était le quinzième écrivain de langue française à se voir attribuer le très convoité Prix Nobel de Littérature, ce 9 octobre 2014.
Et tout le monde, déjà, des plateaux de télévision aux rues du pays entier, portaient le t-shirt bleu aux quinze étoiles.
Et puis je me suis réveillé, perturbé par tous ces klaxons qui célébraient la victoire de l’équipe française à la Coupe du monde ! Et merde ! Il était beau, mon rêve !