La chanson de ce vendredi, c’est Spare Parts de Bruce Spingsteen. Pas la version originale de l’album Tunnel Of Love sorti en 1987. Trop expéditive, trop dense, mais la version live. Une version allongée de 4 minutes, avec une intro au piano, un petit speech de présentation avant de lâcher les chevaux-vapeur.
Je sais, c’est bateau mais on dirait un train. Un long train traversant l’Amérique profonde sur la Rail 66, tracté par une bonne vieille loco Général Type 220 gourmande en charbon qu’elle recrache en une longue traîne de fumée noire (réchauffement climatique cher à Trump !).
Springsteen, cheminot en chef
Notre train est d’abord en gare avec cette longue intro au piano un peu tristounette, nostalgique qui n’annonce rien de bien. Une intro qui ne fait pas la joie des fans du Boss. Pourquoi ?
Puis la loco commence à tousser, cracher et commence lentement à rouler. Elle prends son élan pour développer toute sa puissance dont elle va avoir besoin pour tirer les nombreux wagons. Après un discours, pas trop long pour une fois, du Boss, il attaque le chant presque A Capella juste accompagné par la grosse caisse puis la charley de Max Weinberg qui marque le tempo. Complètement habité et concerné, la voix rauque de Springsteen vous transperce d’émotion. Com dab le Boss montre qu’il est un immense chanteur. Les nuances assez fines de l’interprétation collent au poil avec l’histoire. Puis il est rejoint par la guitare slide de Nils Lofgren, comme le long sifflet de la loco annonçant le départ. Le monstre de ferraille commence à s’ébranler lourdement. Mais on sent les chevaux prêts à donner tout ce qu’ils ont dans le ventre.
Et le Boss continue à raconter son histoire. La loco est maintenant en pleine vitesse qu’elle a atteint alors que tous les musicos sont montés dans le train sur le top départ de Max Weinberg qui fait tonner sa batterie. Et là c’est le déchaînement. Claviers, cuivres, basse, guitares accompagnent Bruce Springsteen entre chant et narration. Au refrain il renvoie la balle à Patti Scialfa, sa douce, qui assure comme une cheffe à elle toute seule le boulot de choristes qu’on pense plus nombreuses.
Puis, Bruce prend en main les commandes de la Général avec un solo pied au plancher qui annonce en même temps l’arrivée proche. Faut pas se planter, c’est la fin de la voie. Il faut arrêter le convoi. Alors, Springsteen se tourne vers son équipe lancée à pleine vitesse pour leur faire signe que c’est la fin du voyage. Le train ralentis rapidement, rentre sans encombre en gare et stop dans un bruyant final, là, juste à la fin des rails.
L’Amérique de Trump
Côté texte nous sommes dans du Springsteen pur jus. On sent bien le goût du fruit. Ce fruit des laissés pour compte, ces pièces détachées et ces cœurs brisés. L’histoire est banale. La fille se fait engrosser par un bon ricain pure souche (qui doit certainement voter Trump) et qui se casse ne pouvant assumer (ouais, il vote Trump). La jeune fille, Janey, bientôt jeune mère, retourne vivre chez ses parents. Elle voit sa jeunesse foutue. Elle est à deux doigts de confier son bébé à la rivière. Mais tout est bien qui finit bien (sauf Trump !), elle met son alliance et sa robe de mariée au clou et, avec l’argent, décide de partir au combat, pour elle, pour son gosse. Et je suis sûr que Janey n’a pas voter Trump. Pour en savoir plus, lisez ici.
La version studio