Enfants de stars, fils de et filles de…

On prend les gamins et on recommence

Le fils de Frankenstein

Ça ne manque pas. Lisez le moindre article sur Claude Brasseur, Thomas Dutronc, David Hallyday, Charlotte Gainsbourg ou Marius Colucci, forcément, à un moment ou à un autre, le journaliste parlera de leurs parents. Et ce sera pareil avec les enfants de stars qui ont choisi de ne pas porter le même patronyme que leurs illustres géniteurs : on parlera toujours de Chantal Lauby à Jennifer Ayache, la chanteuse de Superbus. Et toujours d’Eddy Mitchell au journaliste Eddy Moine. Ou de Marlène Jobert à Eva Green.

En plus du prénom, les deux Eddy (Mitchell et Moine) partagent un capital sympathie évident

Il existe d’autres célébrités, reconnues mondialement, qui ont eu eux aussi des rejetons et dont on cause moins. C’est à ceux-là que nous allons nous intéresser : D’Artagnan et ses potes mousquetaires, Dracula et Frankenstein, le comte de Monte-Cristo et Ali-Baba.

Enfants de stars, le fils de Zorro

Fils de Don Diego

Commençons par un certain Don Q qui, en 1925 en France, a été rebaptisé allez savoir pourquoi Don X. X ou Q, le mec est à cheval. Il surgit en plein cœur de la nuit et court vers l’aventure au galop. Son nom ? Il le signe à la pointe de l’épée, d’un Z qui veut dire Zorro Jr. Oui, j’ai oublié de vous le dire, le gai luron se nomme Don Cesar de Vega et n’est autre que le fils du renard masqué. Et comme le hasard fait drôlement bien les choses, il est incarné par Douglas Fairbanks. Et qui jouait le papa, en 1920 ? Déjà Douglas Fairbanks. Autant dire que la ressemblance entre les deux est frappante. Et que fait X/Q ? En Espagne, il se fait baver sur les rouleaux par Don Sebastian qui flingue quelqu’un et accuse Cesar. Bon, il se passe plein de choses et ne me demandez pas ce que fabrique un certain Don Fabrique, ce serait trop entrer dans les détails. Bref, le petit Cesar fait semblant d’être mort, se déguise en colonel, récupère la señorita destinée à Sebastian, s’enfonce dans les problèmes de plus en plus profondément avant que ne se pointent papa Zorro et Bernardo, qui est muet dans un film muet. Lequel, réalisé par Donald Crisp, se nomme en français « Don X, fils de Zorro ».

Le fils de Zorro

En 1947, dans un serial (film à épisodes) réalisé par deux maîtres du genre, Spencer Gordon Bennet et Fred C. Bannon, un certain Jeff Stewart (George Turner) a semble-t-il perdu ses racines mexicaines (adieu, Don Diego) puisqu’avec son blaze américain, il n’est rien de moins que « Le fils de Zorro ». Ça tombe bien, puisque c’est le sujet de l’article. Et qu’est-ce qu’il fait, le fils de Zorro ? Comme papa, il combat les méchants sous un masque. Ça mange pas de guacamole (version hispano-américaine de « ça mange pas de pain »).

En 1973, un autre rejeton de Zorro voudra attirer sur lui les feux des projecteurs mais autant dire que la pétarade attendue s’est transformée en pétard mouillé. « Le fils de Zorro » de Gianfranco Baldanello ne s’appelle même pas de la Vega mais Don Rocardo Villaverde. Et celui qui l’incarne, Alberto Dell’Acqua, a voulu se prendre pour Richard Widmark en adoptant le pseudo de Robert Widmark.

King Kong et fils

Le fils de King Kong

Ne nous occupons plus de lui pour faire un bond dans le passé et revenir en 1933. Cette année, deux cinéastes, Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, créent un personnage qui va marquer les esprits, reprenant à leur compte l’histoire de la Belle et de la Bête. King Kong était monstrueux mais attendrissant aussi. Et bien qu’on n’ait connu sa Queen Kong qu’en 1976, grâce à Frank Agrama, figurez-vous que le gros gorille avait une progéniture tout aussi costaude. La preuve, c’est que la même année 1933, vu le succès remporté au box-office par le roi Kong, le même Schoedsack sort « Le fils de Kong ». Le personnage qui avait ramené Kong de Skull Island y retourne pour trouver un mignon bébé gorille de 3,5 m de haut, fils de Kong.

Brassens avait vu juste en chantant que le temps ne fait rien à l’affaire parce que, dans ce cas précis, quand on naît Kong, on est Kong pour le restant de ses jours. Les spectateurs comprendront vite, en suivant les aventures de Junior, que le petit Kong de la dernière averse va rapidement se transformer et atteindre la taille du vieux Kong des neiges d’antan. Quoi qu’il en soit, le fiston va faire de la figuration dans une histoire de course au trésor qui pisse pas très loin, en tout cas moins loin que le gorille, et le p’tit Kong va se contenter de déglinguer tous les vilains animaux, genre serpents de mer et autres bestioles malfaisantes, qui viennent chercher des noises aux héros. De petites noises, autant dire que le fils de Kong est une sorte de casse-noisettes. Bof, c’est nul comme vanne mais le film n’est pas terrible non plus.

Le dentiste et la couturière

La fille de Dracula

Une qui va donner du fil à retordre aux scénaristes, c’est la comtesse Marya Zaleska, incarnée par Gloria Holden dans « La fille de Dracula » (1936) de Lambert Hillyer. La vampirette ne veut pas, comme papa, passer son temps à mordre les cous. Parce que les cous, oh si elle ose le dire, oh oui, ça leur fait mal. Alors elle fait tout pour préférer les courgettes au sang humain. Une sorte de vegan avant l’heure. Mais, malheureusement, l’atavisme est fatal, elle va prendre le mors aux dents et vouloir mordre à son tour. Je vous le donne en mille : celui qui va nous en débarrasser, un amoureux transis, s’appelle Sandor. En anglais, c’est juste exotique mais, en français, le mec semblait prédestiné. Il se serait même nommé Sangdencre que ça aurait encore mieux sonné.

Évidemment, le concurrent direct de Dracula dans la course au succès n’est autre que Frankenstein. Lui aussi met ses gamins dans la course et on ne sait d’ailleurs pas si « Le fils de Frankenstein » de Rowland V. Lee, qui sort en 1939, désigne le baron Wolf von Frankenstein, joué par Basil Rathbone, qui est le fils du créateur de la Créature, ou Peter von Frankenstein, un gamin à qui Donnie Dunagan donne tout son charme, et qui est le fils du fils du créateur de la Créature. Vous suivez ? Moi, j’avoue, je me suis paumé dans mes explications.

Pas très malin, Wolf va ranimer le vilain monstre créé par papa et le vilain monstre va faire peur au petit Peter.

Le fils de Frankenstein

D’où la fameuse photo de Boris Karloff (la Créature), qui va faire ses courses avec le gamin sous le bras.

Son of Dracula

Et à propos de gamins, ni Dracu ni Frankie ne vont s’arrêter là. Signalons, pour ceux qui se sentiraient des âmes de notaires et voudraient dresser la liste des héritiers possibles, qu’il existe encore un « Fils de Dracula » de Robert Siodmak sorti en 1943, avec Lon Chaney Jr dans le rôle du comte Alucard, descendant de Dracula et dont le nom se dit pareil quand on le lit à l’envers. Puis arrive « La fille de Frankenstein » (1958) de Richard Cunha. Incarné par Donald Murphy, Oliver Frank est en fait le petit-fils de Frankenstein. Il fait la connaissance de Trudy (Sandra Knight) qui, rien que ça, rêve qu’elle est un monstre. Alors, et suivez bien parce que c’est là que ça se complique, le petit-fils de Frankenstein va créer la fille de Frankenstein à partir du corps d’une copine de Trudy, Suzie (Sally Todd), qui ne trouve rien de mieux que de se transformer en vilaine créature (jouée par Harry Wilson). Bon, au suivant.

Et si on la mariait au fils de Dracula, juste pour voir ?

Le suivant est une suivante (on dirait qu’on passe ses vacances à Cajars). « La fille de Dracula » version 1972 (c’est-à-dire revue par Jess Franco, qui va revisiter touts les grands mythes fantastiques en les déshabillant), c’est Carmen Yazalde dans le rôle de Luisa Karlstein, elle-même fille du comte Karlstein (Howard Vernon) qui n’est autre que Dracula. Brrrr, j’en tremble encore rien qu’à l’idée.

Dracula père et fils
Il est pas beau, le Ringo Starr, en magicien (avec Harry Nilsson dans « Son of Dracula ») ?

L’année suivante, c’est le frérot qui débarque dans « Son of Dracula » de Freddie Francis. Harry Nilsson y est le comte Downe, qui n’est autre que le fils de Dracula (c’est fou la rapidité avec laquelle ils changent de nom, dans la famille) et, pour la petite histoire, Ringo Starr est Merlin le magicien.

Dans la famille Frankenstein, je demande le fils. Je vous sens grincer des dents. Encore, que vous allez dire. Oui mais là, ne la ramenez pas parce que le fils, c’est « Frankenstein Junior ». Nous sommes en 1974, c’est Mel Brooks qui signe la photo de famille, c’est Gene Wilder qui s’y colle dans le rôle du Dr Frederick Frankenstein, alors pouet pouet.

Frankenstein Junior

Le bon docteur a d’ailleurs du mal avec la prononciation de son nom, entre ceux qui le disent à l’allemande Frankeunstaïne et lui qui veut qu’on le dise à l’américaine Frankeunstine (comme Harvey Oueinstine, le producteur qui se tapait les actrices). « Frankenstein Junior » est un chef-d’œuvre qui, en noir et blanc, redonne des couleurs au mythe. C’est beau, c’est marrant, c’est grandiose, c’est « Frankenstein Junior ». On l’applaudit bien fort. Et j’adore, entre autres, la partie de fléchettes entre le Dr Fred Frankenstein et le rigide inspector Kemp. Qui a perdu un bras et l’a remplacé par un membre en bois dans lequel il plante ses darts, puisque c’est ainsi qu’on les nomme à présent, quand on est branchouille. Il faut le voir tricher et imiter avec la bouche le bruit des flèches qui se plantent. Mortel. D’autant que l’inspecteur est joué par le génial Kenneth Mars, mieux connu pour son rôle d’Otto dans la série « Malcolm ». Chaque gag est chassé par un autre.

https://youtu.be/JG3IqhyOZYY

Ajoutons que Kenneth Mars parodie le personnage joué par Lionel Atwill dans « Le fils de Frankenstein » (celui de 1939), tout aussi sérieusement rigide.

Lionel Atwill
Dans la version 1939 du « Fils de Frankenstein », Lionel Atwill pourrait lui aussi se servir de son bras articulé pour jouer aux fléchettes

Deux ans après ce Junior, en 1976 dans la famille Dracula, voilà qu’Édouard Molinaro veut faire lui aussi dans la gaudriole avec « Dracula père et fils ». Le père, normal, est joué par Christopher Lee. Le fils Ferdinand, c’est moins drôle, par… Bernard Menez. Et oui. Allez être pris au sérieux avec ça.

Fils de l’homme singe

Il serait temps de rebattre les cartes. Penchons-nous sur un autre mythe, celui de Tarzan. Celui-là est le puceau intégral. Au milieu des singes parmi lesquels il vit, il a peu de chances de rencontrer la compagne idéale.

Tarzan en famille
Une Jane très sexy (Maureen O’Sullivan) dans « Tarzan et sa compagne »

Pas bégueule pour deux sous, son auteur, le grand Edgar Rice Burroughs, lui colle dans les pattes une blonde mieux carrossée qu’une Cadillac, une Jane Parker que l’on semble connaître par cœur. Je vous passe celles du cinéma muet, mais au parlant, elle a les traits de Maureen O’Sullivan, Brenda Joyce, Linda Cristal, Bo Derek, toutes plus jolies les unes que les autres. Enfoiré de seigneur de la jungle.

Attardons-nous cinq minutes sur les films muets. Dès 1920, dans « The Son of Tarzan » de Harry Revier, Tarzan et Jane ont un fils, Jack, qui prendra dans la jungle le doux nom de Korak. Et, l’affiche le montre bien, le Seigneur de la jungle n’est pas aussi couillon, question nana, que le sera son successeur. Regardez comme il sait poser sa main sur le cœur de Jane.

The Son of Tarzan

Avec le parlant et l’arrivée de Johnny Weissmuller, Tarzan va progressivement perdre son savoir-faire et le fils qui débarque dans la série à partir de 1939 n’est pas conçu dans les lianes, juste trouvé. J’invente rien, le film se nomme « Tarzan trouve un fils » et c’est Richard Thorpe qui le réalise tandis que Johnny Sheffield joue le miston. L’honneur est sauf et les censeurs peuvent souffler. C’est qu’ils ont eu chaud, les censeurs. Dans « Tarzan et sa compagne » (1934), Maureen O’Sullivan en Jane Parker est moins habillée que dans une pub pour le savon. Et son Tarzan est loin d’être insensible aux charmes de la dame. Stop, qu’y z’hurlent les censeurs. Cessez tout. Plus de sexe dans « Tarzan ». Alors, la gentille cigogne de la jungle amène, dans « Tarzan trouve un fils », un mignon bébé tombé du ciel à M. et Mme Tarzan qui, non non non, pas du tout, n’ont pas fauté. Et puis avec l’autre qui yodle à longueur de journée, Madame aurait vite eu les tympans percés, à ce jeu-là.

Autres fils de et filles de

Quitte à rester dans les arbres, autant que ce soit les généalogiques. Nous sommes à présent dans les années quarante. Ce n’est pas que les scénaristes manquent d’idées mais parfois, plutôt que de retourner la même histoire avec les mêmes personnages, on invente un fils ou une fille et… on retourne la même histoire avec, pratiquement, les mêmes personnages. Citons « Le fils de Monte-Cristo » (1940) de Rowland V. Lee, avec Louis Hayward dans le rôle d’Edmund Dantes Jr. Ajoutons-y, en 1946, « The Wife of Monte-Cristo » d’Edgar G. Ulmer.

Le fils de Monte Cristo

Vous en voulez d’autres ? Il y a encore « Jesse James Jr » (1942) de George Sherman, « La fille du loup-garou » (1944) de Henry Levin, « Le fils de Robin des Bois » (1946) des mêmes Henry Levin, et George Sherman, ou « Les fils des mousquetaires » (1952) de Lewis Allen, dans lequel Cornel Wilde est D’Artagnan Jr, Maureen O’Hara est Claire, la fille d’Athos, Dan O’Herlihy est Aramis Jr et Alan Hale Jr est Porthos Jr. Pour ce dernier, c’est logique puisque son père, Alan Hale, avait incarné Porthos dans « L’homme au masque de fer » en 1939. D’ailleurs, D’Artagnan aura aussi une fille dans « La fille de D’Artagnan » (1994) de Bertrand Tavernier et elle aura le visage de Sophie Marceau.

Fernandel

Bon, Cornel Wilde en fils de D’Artagnan, pourquoi pas ? Mais quand, la même année 1952, il devient « Le fils d’Ali Baba » sous la direction de Kurt Neumann, là, désolé, j’y crois plus. Pourquoi ? Sérieux, on ne me la fait pas. Tout le monde a entendu Ali Baba dire « Oh fan des chichourles, Sésame, ouvre-toi » avec l’accent de Fernandel. Et on veut nous faire croire que Cornel…

Son of Ali Baba
Et on veut nous faire croire que Cornel…

Simone Signoret sera encore la fille de Fantômas dans « Fantômas » (1947) de Jean Sacha. Seront également portés sur les fonds baptismaux « Le fils de Sinbad » (1955) de Ted Tezlaff, « Le fils de Caroline chérie » (1955) de Jean Devaivre, « La fille du Dr Jekyll » (1957) d’Edgar G. Ulmer, « Arsène Lupin contre Arsène Lupin » (1962) d’Édouard Molinaro, dans lequel Lupin laisse deux fils (Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel) qui se tirent la bourre. Et aussi « Le fils du capitaine Blood » (1962) de Tullio Demicheli, joué par Sean Flynn dont le père, Errol Flynn, avait joué le capitaine Blood en 1935.

Il y a encore « Le fils de Spartacus » (1962) de Sergio Corbucci, « El Kebir, fils de Cléopâtre » (1963) de Ferdinando Baldi, « Le fils de Tarass Boulba » (1964) d’Henri Zaphiratos, « La fille de Jack l’Éventreur » (1971) de Peter Sasdy, « Le fils de la Panthère rose » (1993) de Blake Edwards, « Le fils de Chucky » (2004) de Don Mancini, aussi moche que sa poupée de mère ou « Le fils de Batman » (2014) d’Ethan Spaulding, pour un dessin animé de même qu’il existe un James Bond Jr dessiné en 1991.

Vous savez quoi ? On arrête là, ça deviendrait lassant.

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  1. Et « La Fille de Brest » ? « La Fille de l’air » ? « La Fille du train » ? « Les Fils du vent » ?

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