DICK RIVERS – 1945-2019
Quelle classe ce Dick ! Mourir le jour de son anniversaire, la boucle est parfaitement bouclée. Johnny n’a pas fait mieux, loin de là et il paraît qu’Eddy s’entraîne à fond. En tout cas c’est encore un morceau de notre jeunesse qui se barre et comme le disait Bill Deraime (il est mort lui ?)il faut que je me tire ailleurs (sénégalais). Hit the Road Dick et peut-être à bientôt.
Chais pas ce qui lui a pris à mon copain !
Il m’envoie un texto lapidaire : « Je vais voir Dick Rivers au Ninkasi. Vous venez avec moi ? » (Dick Rivers, ne pas confondre avec Nick Divers, le mec pas très regardant).
Bon, au premier abord, je suis pas emballé par les animations EHPAD. Même si celle-ci se trouve plus qualitative que Marcel Monaco interprétant son gala intitulé : » Marcel remixe des vieux trucs ». Puis je me dis qu’une soirée avec mes potes avec en musique de fond, gros fond quand même, le rock et le rockabilly interprété par Rivières à Bites himself ça ne se rate pas. Si vous ajoutez quelques pintes de la super bibine du Ninkasi, une soirée comme ça ne se refuse pas. En plus c’est peut-être la dernière occasion de voir Mister Moumoute en personne sur une scène. Et en plus, il faisait beau et bon, ce qui ne gâche rien.
Dick Rivers, 55 ans de carrière
Et oui. Comme notre Jojo national. Enfin presque. Johnny c’est 57 ans. Mais, le Dick est toujours vivant. Donc, accroche-toi Dick, record à battre.
Hervé Forneri, niçois de naissance a commencé comme ses petits copains à singer les amerloques dans les années 60. Mais il bifurquera très vite vers une approche plus culturelle de la musique américaine et même du rock anglais. Il travaillera le plus souvent avec des musiciens américains mais aussi avec Bashung, Manset. Francis Cabrel, Mickey 3D, Benjamin Biolay, Mathieu Boggaerts et Axel Bauer lui signeront un superbe album en 2006 intitulé Dick Rivers. Il ira chercher des jeunes pousses pour lui écrire des chansons (Joseph d’Anvers pour l’excellent L’homme sans âge, Oli le Baron). Il a enregistré 33 albums studios, sorti 3 albums live, écris des bouquins, fait l’acteur au cinéma et au théâtre.
La salle est bien remplie d’un tas de gens qui ont du voir sa carrière démarrer. Ils sont au taquet, connaissent tous les titres par cœur et dansent le twist sauf qu’on n’est pas à St Tropez. Ça frôle la fracture du col du fémur, l’attaque cardiaque. Ils sont en trance napolitaine, la couche bien en place et ravis de voir leur idole. Le dernier dinosaure du rock à la française. Oui, je sais, il reste aussi le Schmoll, la preuve.
Linda Lu Baker
J’ai l’air, comme ça, de me moquer, mais pas du tout. J’ai rencontré le Dick dans les années 80. A l’époque de Linda Lu Baker (un hybride de concept album/comédie musicale qui raconte l’histoire de Linda Lu Baker, star des années 1950 qui mourra dans un accident d’avion, avec la participation de Frédéric Mitterrand, Francis Cabrel, Liane Foly, le Golden Gate Quartet…). Je lui avais soumis un projet de Rock du Bac, une espèce d’épreuve du Bac avec des sujets sur le rock et des lots à gagner, etc. et pour lequel je voulais qu’il soit président du jury. Il m’avait posé pas mal de questions et avait très gentiment accepté. Le projet, aux autres, leur a pas plu, n’en parlons plus. Tout ça pour dire que le Dick est sympa et que nous avions passé un bon moment.
Lavoie de son maître
Dick Rivers mets tous les atouts de son côté puisque pour cette tournée (d’adieu ?) il s’est entouré des fines gâchettes canadiennes du Robert Gretschmann Band mené par le guitariste Robert Lavoie. C’est vrai qu’ils envoient du bois… d’érable. Seul en première partie, ils défouraillent les standards du rock’n’roll et du rockabilly. Ça swingue, ça couine de solos de guitares, de claviers sur une rythmique au cordeau.
Même chose quand Dick les rejoint sur scène après un entracte. Ils accompagnent le niçois avec une conscience professionnelle étonnante tout en ayant l’air d’y prendre du plaisir. Les titres de Dick prennent en épaisseur, en violence. Un dépoussiérage en règle du répertoire avec des grands passages de pure rock’n’roll avec solos de Gretsch, de sax, de claviers.
Dick Rivers n’a jamais été une bête de scène comme Johnny. Il paraît qu’à sa jeune époque, il était réputé pour son déhanché. Là, le déhanché, si déhanché il y a, reste d’une discrétion qui frôle l’absence. Trop dangereux. On sent aujourd’hui le poids des années et quand il lève la main ou qu’il se penche vers la Gretsch de Lavoie, on ne sait pas s’il va reprendre sa position initiale ou s’il fait signe pour qu’on appelle le SAMU. Mais le plus important c’est la voix et, elle, elle reste bien en place, chaude et swinguante.
Moralité, j’ai bien fait de venir. Un soirée avec de la bière, des potes et du rock’n’roll ne peut pas être mauvaise et, en plus, il a chanté mes préférées : Maman n’aime pas ma Musique, Nice Baie des Anges et Faire un Pont :