D’accord, Ziggy Stardust n’est pas un disque obscure que je vous propose de découvrir (quoique pour certains…). David Bowie n’est pas un artiste inconnu que je souhaite révélé. Le mois de janvier étant un mois intense pour les admirateurs du Thin White Duke, j’ai décidé de mettre cet album à l’honneur dans MDAM à cause de la cigarette. Je vais vous expliquer.
Ziggy au pair
Si vous avez suivi mes aventures, vous savez déjà que mon premier voyage en Angleterre et David Bowie ont considérablement changé ma vie. Je suis arrivé avec mes cassettes de Sardou, Cloclo, Johnny, Vartan, Clerc, etc. Je suis reparti possédé par la musique, transformé par le glam rock et mode et la mentalité anglo saxonne. Pendant plusieurs semaines, j’ai pu découvrir la discothèque de ma cousine, que des trucs inconnus pour moi, regardé Top Of The Pops, les matchs de cricket, les émissions en anglais de la BBC.
La famille friquée que nous fréquentions (ma cousine y était jeune fille au pair) avait ses entrées dans les milieux artistiques londoniens. Surtout lui, français, homo, dandy, bringueur et beau gosse. C’est pourquoi, dans sa voiture, sur cartouche 8 pistes, dans son château en vinyle sur sa superbe chaîne Hi-Fi, tournaient en boucle, Transformer de Lou Reed, The Rise And Fall Of Ziggy Stardust et Hunky Dory. Tous les trois étant sortis en 1971 et 72. A la radio, tournaient en boucle, Changes, Walk On The Wild Side, Starman. On ne regardait pas trop la télé encore.
Je suis donc rentré en France prêt à sacrifier mon chiche argent de poche dans les disques, la musique.
To be played at maximum volume
Et fallait pas m’le dire deux fois.
J’achetais le Ziggy Stardust avec araignées de Mars. L’écoutais. Encore et encore.
Selon l’état dans lequel j’étais, en forme ou comateux, soit je prenais le casque à fil, un Akaï, la rolls des casques à cette époque et je le jouais au maximum volume; soit pas de casque, directement sur les enceintes, à fond la caisse, la fenêtre ouverte pour sonoriser le quartier. Quand j’étais en forme, je prenais les paroles et j’écoutais mot à mot l’album en entier en chantant discrètement pour ne pas couvrir le chant du maître. Comateux, je m’allongeais et me laissais glisser encore plus profond pour me retrouver à la frontière du sommeil empêché de la franchir par les décibels. Comme si j’étais dans un rêve en train de passer le bras sur l’épaule de Ziggy et ne faire plus qu’un avec la musique.
Mais à chaque fois avec le même rituel.
Je commençais en air-drums sur Five Years. C’est fastoche. Suffit de tenir jusqu’à la fin de la chanson. Tchik tchik, tap tap, boum boum boum, tchik tchik. Fastoche je vous dis. Quand Five Years était terminé, enchainait le sautillant Soul Love, Moonage Daydream, le fameux Starman, It Ain’t Easy la reprise de l’album dont les paroles ne figuraient pas sur la pochette intérieure, certainement une question de droits.
Ziggy Stardust side B
Il fallait maintenant passer à la face B. Après la ballade de Lady Stardust, bonjour Madame, mes respects; arrivait la partie la plus couillue, la plus rock, la plus glam, la plus glam rock. Ça fouraillait sec. Star pas encore black, Hang On To Yourself, l’hymne Ziggy Stardust ou, à force, j’arrivais à placer les soupirs, les gémissements puis de finir en beauté le plèèèèèèèè… guitar. Venait alors Sufragette City, selon l’envie je me contentais de gueuler Hey Man ou de faire le beau, oui et Wham Bam Thank You Ma’am ! arrivé à la fin de l’album, le rituel se terminait toujours de la même manière :
je laissais commencer le dernier titre
Time takes a cigarette
je prenais une cigarette
Puts it in your mouth
la glissais entre mes lèvres
You pull on your finger,
then another finger,
then your cigarette
là, je l’allumais, lentement, tirant longuement sur la première taffe
soufflant lentement la première fumée, la meilleure !
Et je grillais ma clope tout en chantant.
Quand les dernières notes de Rock’n’roll Suicide s’éteignaient sur les cris de Bowie, j’écrasais ma clope dans le cendrier.
La messe est dite et je ne serai plus jamais seul.