Du Hip hop palestinien. Et pourquoi pas de la java Berbère, du foxtrot corse, du rock français et puis quoi encore… J’vous l’demande. Et pourtant je viens de découvrir DAM, ce groupe palestinien qui joue du hip hop.
Jouons du DAM
En écoutant France Inter, en plein milieu d’une émission consacrée au jeux les Sims. En plein débat sur les méthodes plus ou moins catholiques de tricher et de tuer dans ce jeu au premier abord des plus innocents, le programmateur balance un ovni musicale fait de rythmes occidentaux, de percussions arabes, d’instruments orientaux, chanté en arabe dans une ambiance très Bollywood pour le côté festif.
L’animateur annonce en essayant de ne pas se prendre les pieds dans le tapis, un titre à rallonge à coucher dehors interprété par un groupe au nom simple et facilement mémorisable, DAM. Fastoche mais je le note quand même.
Rentré chez moi j’ m’empresse d’aller voir et écouter tout ce qui concerne ce groupe. Et, DAMned, c’est la bonne surprise. du jour.
Ce ne sont pas des débutants, ils sortent cette année leur 5ème album. Mis à part quelques titres trop, voire complètement, occidentaux, américanisés qui n’ont aucun intérêt tant il en existe du même style, leur fusion des deux mondes en privilégiant leurs racines, est une réelle réussite.
Vacances j’oublie tout
Ça sent bon l’Orient, les épices, la chaleur du désert, la fraîcheur des oasis. Mais attention, on n’est pas dans un club de vacances ni dans un clip de promotion d’une compagnie aérienne vantant les conditions paradisiaques de ses voyages vers les secrets et mystères de l’Orient. Non, le méandres de la musique arabe s’enroulant autour des beats du hip hop New Yorkais sert de support à des textes revendicatifs et engagés. On y parle de guerre, de mariage forcé, de terrorisme, de politique, de la condition féminine, du conflit israelo-palestinnien bien entendu, bref, les membres du groupe racontent tout simplement ce qui fait leur vie et celle de leur concitoyens. On sent quand même qu’ils en ont ras l’bol de tout ça et qu’ils aimeraient bien que ça change. C’est pas gagné, les gars !
Drôle de DAM
Le groupe est formé en 1999 par les frères Nafar, Tamer et Suhell et un pote à eux, Mahmoud Jreri. Originaires de Lod en Israël où ils résident, leur nom signifie sang en arabe et en hébreu mais est aussi l’acronyme de Da Arabian MC’.
Ils ont bien bourlingué depuis le premier single Meen Irhabi ? (Qui est le terroriste ?) qu’ils mettent en ligne en 2001 et qui sera téléchargé plus de 1 millions de fois. On les voit dans tous les magazines internationaux (un groupe de rap palestinien, putain, quel sujet !), au cinéma où ils font des apparitions soit individuellement soit en tant que groupe. Ils enregistrent même un duo avec le regretté Rachid Taha.
En 2011, un des frangins Nafar quitte le groupe. Il est remplacé par Maysa Daw, belle comme un cœur. Elle apporte au groupe fraîcheur et douceur féminine même si elle devient également la porte parole de toutes les femmes dans le monde, mais surtout de ses consœurs arabes. Une femme dans un groupe de mecs, palestiniens qui plus est, non voilée, libre mais fière de ses racines, est un sacré symbole et un modèle pour une jeunesse qui a envie d’avancer et de changer. De se libérer du joug des traditions ancestrales permissives, de reprendre leur vie en main comme ce titre extrait de leur nouvel album : JASADIK-HOM (Your Body of Theirs)
Dim Dam Dom
Un nouvel album où elle apparaît de face sur la pochette en leadeuse entourée de ses deux compères. Sorti en juin 2019 sur le label anglais Cooking Vinyl, Ben Haana Wa Maana est une belle réussite du début à la fin. Un meltingpot d’influences, de sons, d’instruments, de samples. Les deux premiers singles qui en sont extraits s’attaquent au mariage forcé Emta Njawzak Yamma (ci-dessous) et à la condition féminine Jasadik-Hom (ci-dessus). A noter Prozac et Overdose et son sample blues emprunté à Seasick Steve (je dis ça comme ça de mémoire…). Tout est malin et efficace dans cet album.