Par de pareils objets, les âmes sont blessées,
Molière
Et cela fait venir de coupables pensées…
Bon, voyons voir, premier texte, premier sujet… je me tâte.
A vrai dire, je me sens d’humeur plutôt coquine en ce moment, ce qui contraste fortement avec l’ambiance actuelle : LA rentrée double M, Masquée, Morose : on ne mate pas (difficile avec le masque), on ne touche pas, on n’embrasse pas, on parle loin les uns des autres (tu tends les bras, je tends les bras, voilà la bonne distance…chouette).
Décidée à ne pas me laisser harponner par toutes ces vibrations négatives, je trouve que le sexe serait un bon sujet qui détendrait tout le monde. Attention, le sexe artistique s’il vous plait, pas celui qui niche salement au coin d’Internet.
Sein (te) Madonna
Le hasard a voulu que je tombe un soir sur le clip de Madonna Justify My Love réalisé par Jean-Baptiste Mondino en 1990 (1991 ?)… Souvenez-vous, Madonna y est filmée, habillée de divins sous-vêtements en dentelle noire (du genre de ceux que tu rêves de t’acheter mais que ta pauvre paye ne permet pas de t’offrir), arpentant le couloir d’un hôtel ; les portes des chambres sont ouvertes et laissent entrevoir des personnages assez surprenants, femmes déguisées en hommes, hommes déguisés en femmes, qui se regardent, se touchent, s’embrassent. Madonna s’en donne à cœur joie avec tous ses nouveaux copains y compris le beau Tony Ward, son petit ami de l’époque. Cela sur un air de batterie qui se répète en boucle, la voix sensuelle de la chanteuse qui pour le coup ne chante pas mais parle, et elle le fait très bien (« kiss me, that’s right, kiss me… »), bref tout un programme !
La Ciccone ? Pas tant qu’ça
Pour être honnête, j’avais été surprise à l’époque par la tournure que prenaient les évènements dans la carrière de Madonna ; juste après ce scandaleux clip, ont suivi l’album Erotica et le livre Sex. J’avoue qu’à partir de ce moment-là, moi grande fan de la Ciccone, j’ai décroché. Je n’avais que 18 ans et je trouvais cela too much. J’admirais son côté gentiment provocateur dans Like A Virgin ou Material Girl. Désormais, je n’étais plus à l’aise avec cette chanteuse qui osait faire des « trucs » pornographiques (ce qui n’était pas vraiment le cas, mais quand on regarde les photos du livre Sex, on n’en était quand même pas loin…).
30 ans plus tard, je vois les choses différemment. J’observe une artiste, très jolie femme de surcroit, qui se permettait de parler librement de ses fantasmes et d’en faire une œuvre. Certes, à ne pas mettre entre toutes les mains, mais comme toutes les œuvres d’art (qui aurait l’idée de montrer à un gamin de 5 ans L’origine du monde, ce tableau de nu féminin réalisé par Gustave Courbet ???).
Madonna raconte avoir payé très cher d’ailleurs cette période « érotique » (critiques, interdictions, insultes), au point certainement d’avoir envie d’arrêter pendant quelques temps la musique. Heureusement, elle a su rebondir avec l’album Bedtime Stories et régler ses comptes avec le titre Human Nature (magnifique clip, géniales chorégraphies) :
Did I say something wrong ?
Madonna – Human Nature
Oups, i didn’t know I couldn’t talk about sex…
L’amour est dans le pré
Les années 80 ont vu éclore un autre bout de femme qui n’avait pas froid aux yeux : Mylène Farmer. On aime ou pas, là n’est pas la question mais bon sang, ses clips étaient de vrais chefs-d’œuvre, des courts métrages poétiques pour mettre en valeur des chansons qui abordaient souvent des thèmes érotiques : les fesses (la sodomie ?) (Pourvu qu’elles soient douces : « Le nec plus ultra en ce paysage, c’est d’aimer les deux côtés … muse ou égérie mes petites fesses ne cessent de t’inspirer ») ; l’homosexualité (Maman a tort « j’aime ce qu’on m’interdit/les plaisirs impolis/j’aime quand elle me sourit/j’aime l’infirmière maman »), la jouissance (Libertine « Entre mes dunes, reposent mes infortunes/c’est nue que j’apprends la vertu ») et California : pas de sexe a priori dans titre mais quand elle fredonne « c’est sexy le ciel de Californie/sous ma peau j’ai L.A en overdose/so sexy le spleen d’un road movie/dans l’rétro ma vie qui s’anamorphose », je trouve cette artiste vraiment … sexy. Je me rappelle l’avoir vue interpréter cette chanson entre deux beaux mecs qui la caressaient, dans une émission … de Michel Drucker ! Comme quoi, tout est possible !
Gunter saque
Autre époque, autre scandale : le mythique « Je t’aime moi non plus » de Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot, chanson écrite en une nuit seulement de 1967, pour célébrer leur dévorante passion. Brigitte était alors mariée à Gunter Sachs, homme d’affaires allemand, ce qui ne l’a pas empêchée de mettre tout son cœur à l’ouvrage, jusqu’à émettre ces grands soupirs d’amour langoureux qui provoquèrent à l’époque la fureur de Gunter ! Celui-ci menaça de poursuites en justice et empêcha le disque de sortir, la chanson ne put pas être diffusée à la radio. Bardot et Gainsbourg se séparèrent après ce scandale. Gainsbourg chantera finalement la chanson avec l’autre femme de sa vie, Jane Birkin, et le disque sortira en 1969 avec la mention « interdit aux moins de 21 ans ». Ce n’est qu’en 1986 que Bardot donnera finalement son accord pour que sorte le single de son duo avec Gainsbourg.
D’autres sulfureuses
Je pense également à une autre de mes chanteuses préférées : Donna Summer soupirant des paroles carrément érotiques sur « Love to love you Baby ». Il parait que cette artiste était très timide, elle n’était pas à l’aise pour chanter ce titre qu’elle interprète pourtant formidablement bien.
Et comment ne pas penser à la terrible Nina Hagen qui, parait-il, se serait fait interdire de concert en France après s’être enfilé un micro dans le vagin sur scène et avoir fait une turlute (toujours sur scène) à l’un de ses musiciens. J’ai redemandé confirmation à mon jules, qui me répond : « si, si, c’est un copain à moi qui l’a vue faire ça sur scène. Si tu ne me crois pas, demande à Philippe Manœuvre ! » ; bonne idée, mais j’ai pas son numéro. En regardant sur internet, je vois que Philippe Manoeuvre a sorti un livre intitulé « Rock ». J’ai commencé à le lire, peut-être racontera-t-il dedans cette anecdote croustillante concernant Nina.
Il est important selon moi de rappeler ce que ces artistes ont apporté aux femmes par leurs provocations et leur liberté artistique.
Car il se passe des choses depuis quelques temps qui me laisse bouche bée, des faits divers relatés brièvement par quelques médias.
En France, voyez-vous, certaines d’entre nous commencent à poser de sérieux problèmes : alors quoi ?! On se permet en 2020 de bronzer seins nus sur les plages ? D’autres osent entrer dans une supérette en caraco et jupe courte ? et comble de l’indécence : une jeune femme a eu le toupet d’aller admirer des œuvres au musée d’Orsay habillée d’une robe avec un plongeant décolleté (pour aller sans doute admirer « L’origine du monde » ?). ! Non mais, de qui se moque-t-on ?!
Que s’est-il passé pour qu’on en arrive là ?
Qui aurait le courage de faire un clip comme celui de Justify my love maintenant ?
Essayez d’imaginer : Je t’aime moi non plus, version Slimane et Vitaa : « tu vas, tu vas et tu viens…entre mes reins ». Ils ont tenté la chose et ça donne cette chanson qui me provoque à chaque fois des migraines : « tu sais dans la vie, ça va, ça vient » et REFRAIN : « ça va, ça vient, ça va, ça vient, ça va, ça vient, ça tient à rien/Dis-le moi, dis-le moi encore/ça va, ça vient, ça va, ça vient, ça tient à rien/au fond, tout va bien ». Je ne sais pas vous mais moi, ça me donne envie de rire. Et puis, si tout va bien…
Il n’empêche, on s’amusait quand même bien avec Brigitte, Nina, Donna, Mylène et Madonna ! N’en déplaise aux puritains !