Je marchais sur le trottoir et je vois Kanibalekter assis à une terrasse en train d’interviewer deux jeunes gens sympathiques. Ce sont Bigflo & Oli. Comment je le sais ? Je sais pas. Je les écoute un moment, étonné de voir Kanibalekter dans une station balnéaire pour beaufs en train d’interviewer Big Flan et Orties.
Etonné de voir ce bon vieux Kani en vacances dans une station balnéaire pour beauf parce quand Kanibalekter part en vacances, il part loin, très loin, sac au dos, les cheveux au vent avec sa bite et son couteau, le guide du routard dans la poche. Et puis qu’est-ce qu’il fout avec Bigflo & Oli ? Vont-ils tourner un film d’auteur ? La bio de Laurel et Hardy ? Sait-il qu’il a en face de lui un groupe de rap français originaire de Toulouse ?
Etonné mais aussi circonspect (comme l’accent). Moi aussi je veux une interview. Alors je l’interromps en douceur et je demande à Unesoupe et Aulit s’ils voudraient bien m’en accorder une, mais un truc un peu décalé, rogolo, poil au dos. Ils acceptent et me donnent leur numéro de chambre, on la fera là-bas.
Je me suis retrouvé d’un coup avec mon institutrice de CP qui était super belle, elle ressemblait à Grace Kelly et dont j’étais amoureux. Puis je me suis réveillé avec la gaule, dans les bras de mon épouse nue.
C’est con les rêves
Pourquoi ces deux-là ? Symboles de la crétinerie ambiante. Non, non, non, on a dit, pas l’physique ! Oui mais quand même un p’tit peu. Voilà des mecs qui remplissent des arénas avec leur look de monsieur tout le monde, leur accent chantant, leur bienveillance et leurs yeux qui brillent d’étonnement d’avoir aujourd’hui réalisé leurs rêves d’enfant, être des vedettes qui méritent notre confiance.
Bigflo & Oli, t’y crois bro ?
Désolé mais ils ne me font pas rêver, ils ne me font pas envie, il ne me donnent pas le grand frisson. Ils m’ennuient, profondément. Parce que, quand même, je suis allé écouter vite fait leurs œuvres, regarder leurs clips, écouter les textes, leur musique. Ce que je fais à présent en écrivant ces mots. Putain, j’ai l’impression d’être un intrus, un voyeur. Qu’est-ce que je fous là ? Y’a rien pour moi ici. C’est triste, terne, vieux, ringard, clichés. Les jeunes vont me dire que j’y comprends rien mais il n’y a rien à comprendre, bordel ! J’ai pas envie de grimper aux murs, hurler à la lune quand je vois ces deux mecs habillés en jogging et en pulls moches aligner les poncifs, la philosophie de comptoir, les bons sentiments sur des musiques bâties pour passer en radio. Je préfère Orelsan. Même si je n’ai pas encore pu tordre en entier son album. Bref, cette génération de youtubeurs, d’entubeurs de chanter en rond, d’autotunés du bulbe, d’influenceurs tordus et tournés vers l’arrière m’emmerde profondément. Font chier ces pères la morale, prop’sur eux mais mal fringués. Je suis sûr qu’ils ne boivent pas, ne fument pas, mangent végan, trient leurs déchets (leurs chansons, on les met dans quelle poubelle ?).
MAIS VOULEZ ME DIRE POURQUOI JE M’ENERVE COMME CA !!! ???
C’est con les rêves, j’préfère les raves.