Amélie Poulain

Un bonheur ! Amélie Poulain est une jeune fille tout à fait comme il faut. Elle s’est découvert une passion dans la vie : rendre les autres heureux. Elle y arrive et, en plus, entraîne le spectateur sur ce chemin. Car l’on sort heureux du film de Jean-Pierre Jeunet. Je n’ose dire comme un poisson dans l’eau : chez lui, le cyprin est suicidaire et n’a de cesse de sauter hors de son bocal.
La difficulté, avec Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, c’est que le scénario nous conduit de surprise en surprise et qu’on ne peut, pour cette raison, trop dévoiler les péripéties. Sachez seulement qu’on y parle de la vie et de ses aléas, du droit à la rater et de celui à être heureux. On y voit la banalité magnifiée par le désir de voir autre chose que ce qu’on veut bien voir habituellement. Et on nous dit qu’en la compliquant un tout petit peu, juste ce qu’il faut de mystère, l’existence peut devenir un régal.
Avec ce film, Jean-Pierre Jeunet use d’un ton original. On connaissait, par les films réalisés avec Caro, son souci des décors léchés et son goût pour les acteurs. Tout cela est ici et on ne dira jamais assez de bien des performances d’Audrey Tautou, sur qui repose tout le poids du film (comment imaginer Amélie Poulain sans son regard et son minois ?). Mais aussi de Mathieu Kassovitz, Dominique Pinon, Rufus, Isabelle Nanty, Ticky Holgado (dans une séquence époustouflante), Jamel Debouze, Serge Merlin, Urbain Cancelier, j’arrête parce que ça va devenir pénible à lire, mais il faudrait franchement citer jusqu’au moindre des figurants, chacun ayant ici sa place.

La grande différence avec Delicatessen ou La cité des enfants perdus (je ne parle pas d’Alien 4, un peu à part dans la filmo de Jeunet), c’est qu’Amélie Poulain n’est pas que beaux décors et trucages insolites. Le film possède un véritable fond et ne ressemble pas, loin de là, à un exercice de style. Et l’ingéniosité et l’humour qui traversent tout le récit n’empêchent pas d’entendre une petite musique triste qui, loin de plomber le sujet, lui donne au contraire des ailes.