DIPLOMATIE de Volker Schlöndorff – 2014

On connaissait le « Paris brûle-t-il ? », long métrage de René Clément sorti en 1966, racontant la menace pesant sur la capitale française en ce mois d’aout 1944. Les alliés marchaient sur Paris et Hitler avait décidé de faire sauter Paris. Un film au casting incroyable (Delon, Belmondo, Kirk Douglas, Gert Froebe, Yves Montand, Simone Signoret, Glen Ford, Lesilie Caron : n’en jetez plus !….). Le film de René Clément retraçait les événements de ce mois d’aout 1944 qui devaient mener à la libération de Paris après bien des retournements de situation.

Volker Schlöndorff et ses acteurs

Volker Schlöndorff en revisite

Volker Schlöndorff (« L’honneur perdu de Katarina Blum, « Le tambour », « Le roi des Aulnes ») , revisite l’histoire de cette fin du mois d’aout à Paris dans le très beau film « Diplomatie » (2014), diffusé sur Arte et emmené de main de maître par le duo Niels Arestrüp, André Dussolier, époustouflant de maîtrise et de conviction. Le long métrage du réalisateur allemand est l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Cyril Gely datant de 2011. Trois ans plus tard, Arestrüp et Dussolier retrouvent d’ailleurs les rôles qu’ils avaient tenus sur les planches.

Car il s’agit bien d’un huis-clos entre deux hommes derrière les murs de l’hôtel Meurice, grand hôtel parisien et QG du général Von Choltitz (Niels Arestrüp), à quelques heures de la destruction de la capitale ordonnée par Hitler.
Plan après plan, Volker Schlöndorff nous montre la métamorphose qui s’opère dans l’esprit de Von Choltitz, ébranlé par la force de conviction du consul de Suède à Paris , Raoul Nordling (André Dussolier).

Huis clos

On se dit souvent qu’un huis clos ça finit par lasser au bout d’un moment. Mais tel n’est pas le cas ici.

Le spectacle des sentiments, des silences, des colères, des hésitations et des conflits intérieurs que nous offrent les deux acteurs, à mesure que l’un (le diplomate) essaie de convaincre l’autre (le militaire zélé, mais pas borné) et la description des aspects matériels de cette destruction : l’histoire parallèle nécessaire à ce huis clos; donnent au film cette rythmique parfaite et son caractère haletant. D’autant que tout se passe en une seule nuit et que l’aube se levant, Von Choltitz (nommé gouverneur du Grand Paris quinze jours plus tôt) n’a toujours pas pris sa décision. Le travail de sape du consul de Suède – passant en revue toutes les failles sentimentales de son interlocuteur – finira par payer.
Encore une fois , bravo pour le rythme de ce film et chapeau aux deux acteurs pour ce remarquable numéro.

Back to reality

Mais : « ZOOM BACK CAMERA, THAT IS NOT REALITY, THAT IS A FILM ! ».

« Diplomatie », tout comme la pièce de théâtre du même nom, n’a en effet que peu de ressemblance avec l’histoire. On parlerait aujourd’hui d’une histoire inspirée de faits réels.
Les deux hommes ont existé et se sont même rencontrés c’est vrai. Mais dans ses Mémoires Dietrich Von Choltitz explique que la destruction de Paris s’est révélée impossible car il manquait de temps, d’hommes et aussi d’explosifs.

Diplomatie au théâtre

Nordling et Von Choltitz se se sont rencontrés. Peut-être bien à l’hôtel Meurice d’ailleurs. Mais un huis-clos entre les deux hommes paraît peu probable : Nordling ne parlait pas allemand et Von Choltitz pas le français. Un interprète ? Bonjour le huis-clos.
De plus, Nordling, victime d’un accident cardiaque deux jours avant cette fameuse nuit du 24 au 25 aout 44, aurait eu bien du mal à se présenter à l’hôtel Meurice.
C’est la force du cinéma de qualité que de nous faire accroire ce qu’il nous conte, et que nous croyons dur comme fer, le temps de la projection.

Non il n’y a pas eu que des navets à la télévision pendant le confinement. Merci Arte.

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