Dans la vie, il arrive parfois qu’on se demande comment on a pu rater un tel phénomène.
C’est exactement la question que je me pose quand je pense à Beth Hart.
Je l’ai découverte il y à peine quelques mois ; comment ai-je pu vivre en ignorant sa voix et sa personnalité d’artiste hors du commun ?

J’avais bien une chanson qui trainait dans ma playlist « Pop Rock » : « Something’s Got A Hold On Me », mais voilà, c’était écrit « Joe Bonamassa », je n’ai pas cherché davantage, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un groupe avec une chanteuse black dotée d’un sacré coffre. Oui, je sais, la honte.

Je ne suis pas une spécialiste en matière de musique comme Philippe Manœuvre ou Globrocker, je sais juste écrire avec mon ressenti, mes tripes. Mais j’aime la musique, ça c’est une évidence. Je ne peux pas m’en passer, pas une journée sans écouter et chanter, parfois danser, avec mon casque sur les oreilles (ce qui fait bien marrer les gens autour de moi, mais je m’en fous).
Peut-être a-t-il fallu l’arrivée de l’épidémie de covid pour que je me décide une bonne fois pour toute à éteindre les radios avec leurs actualités anxiogènes, leurs débats qui tournent en rond, leurs pubs interminables. J’ai aussi éteint la télé (pour les mêmes raisons). Puis, j’ai enfin pris le temps de regarder et d’écouter autour de moi.
J’ai rencontré des gens passionnés, passionnants, qui me font découvrir régulièrement des artistes que je ne connaissais pas.
Petit à petit, Jasmine fait son nid (musical), affine ses goûts, s’enrichit de nouveaux sons, de nouvelles voix.

Beth, belle et sexy

J’ai beau être une femme et aimer les hommes, cette nana me plait. Déjà, physiquement. On ne peut pas dire qu’elle soit super belle, mais j’aime son visage un peu masculin, sa voix qui peut être grave et rauque, ses bras costauds et tatoués. En même temps, elle affiche une féminité dingue avec ses ensembles courts et moulants qui mettent son corps en valeur, ses talons hauts, ses petits tops qui laissent voir un beau dos musclé ; ses yeux clairs joliment maquillés, avec le rimmel qui coule souvent, car Beth, sur scène, elle ne fait pas semblant. Ce mélange assumé de féminité et de masculinité me trouble toujours chez une femme.

D’ailleurs, en regardant les archives la concernant, je me rends compte que Beth n’est entourée que d’hommes talentueux, musiciens et choristes.

Et pendant ce temps…

Donc, pendant que je menais ma petite vie d’ignorante, ma Beth était invitée à Taratata en 2011, elle chantait dans l’émission de fin de journée « C à vous » en 2016, faisait le Grand Studio RTL cette même année, remplissait l’Olympia en mars 2020… punaise il y un an !! J’adore d’ailleurs son entrée dans cette salle mythique, la proximité qu’elle instaure avec son public qui est aux anges : elle distribue tout en chantant câlins, bisous, et se fait photographier. Le concert a été retransmis sur Arte. Punaise, mais j’étais où, moi ? Je vivais dans une grotte ? Comment ai-je pu rater cela ?

Beth le son

Je me méfie toujours des chanteuses dites « à voix ». Genre Lara Fabian, Céline Dion. Genre « écoute, j’ai de la voix » et la voilà qui se met à gueuler, oui oui, pas chanter, gueuler.

Bon, je ne suis pas non plus en train de devenir amoureuse transie, à pleurer à chaque apparition de Beth. Le but étant de rester objective et je n’ai pas eu le temps de tout écouter. Mais ce que je découvre me plait : elle a de la voix certes mais elle est aussi une interprète, elle donne du corps, de la vie au texte, elle n’est pas là uniquement pour nous envoyer ses décibels.

Cette américaine de 49 ans est aussi musicienne, et c’est un régal de la regarder et de l’entendre au piano. Gagnante en 1993 de Star Search, l’équivalent de La Nouvelle Star, sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille; elle a connu l’enfer de la drogue, des addictions, a perdu des proches. Elle se définit comme une survivante, c’est aussi peut-être grâce à cela que l’émotion est au rendez-vous dès qu’elle chante. Elle sait rester charmante et sympathique, même face à Nagui qui est fin comme du gros sel.

Il n’est jamais trop tard…un peu quand même

J’aimerais beaucoup la voir sur scène. Ben, c’est pas demain la veille.
On va se contenter de la regarder dans son salon, à son piano, nous interpréter quelques morceaux ; c’est pour le moment la seule solution qu’ont nos artistes pour garder le contact avec leur public, en attendant, un jour peut-être, de remplir à nouveau les salles de concert.
D’où l’importance de profiter à fond de la vie, de garder du temps pour découvrir, tenter, jouir de ce que les artistes nous offrent.
Voilà, ça y est, j’ai le blues. Même cela, Beth, elle le chante très bien.