BERNIE d’Albert Dupontel – 1996

Bernie, Albert Dupontel

La pelle d’urgence

J’ai revu il y a peu le premier film réalisé par Albert Dupontel. J’avoue qu’à l’époque de sa sortie, « Bernie » m’avait quelque peu dérangé, alors que je me pensais pourtant prêt à tout voir, curieux des films les plus extrêmes. J’avais donc vu « Bernie » et, alors que j’avais 25 ans de moins, m’étais demandé comme un petit vieux devant les agissements de la belette dans les aventures de Saturnin le canard  : « Pourquoi tant de méchanceté et de violence ? »

Alors qu’aujourd’hui mon visage a pris beaucoup plus de rides que les fesses d’une Miss France 1945, j’ai revu « Bernie ». Bon, la première question, c’est bien sûr pourquoi ? Pourquoi ai-je revu « Bernie » puisqu’avant j’avais trouvé ça bof bof ? C’est là où je m’allonge sur le canapé. Docteur, j’ai une affreuse manie en plus de… enfin, j’me comprends, docteur, j’ai un besoin de collectionner, d’amasser, d’accumuler par exemple des livres dans une bibliothèque et de les regarder par plaisir, parce que je suis content de les avoir. C’est si cher que ça, la consultation ? Merde.

Festival Lumières, Albert Dupontel

Il se trouve que, dans ma dévédéthèque qui, comme son nom l’indique, est composée de DVD, à ne pas confondre avec bluraythèque qui…, bon je m’égare, dans ma dévédéthèque, j’avais « Enfermés dehors » de Dupontel que j’aime beaucoup. Il se trouve que j’avais aussi beaucoup aimé « 9 mois ferme » au cinéma et que, voyant tout à la fois, au festival Lumière, « Adieu les cons » et Albertoche le présentant en chair et en oche, je me prends d’un intérêt subit pour le sieur Albert Dupontel. Et, comme je farfouille toujours sur les sites pour trouver de bonnes occazes, voilà-t-y pas que je tombe sur de bons prix pour l’achat de « Bernie » et de « 9 mois ferme » ?

Du bon, Dupont, Dupontel

Donc, je revois « Bernie » en DVD. Et là, quelle claque ! Quel coup de pelle, devrai-je dire.

Le père Albert n’y va pas avec le dos de la cuillère (non, je l’ai déjà écrit, il y va plutôt avec le dos de la pelle) et il a raison. Le film démarre sur Bernie Noël (à ne confondre, évidemment, ni avec le poète ni avec l’acteur du même nom) qui a décidé de quitter l’orphelinat où il réside depuis… toujours. C’est que le petit Bernard a, comme il le dit lui-même, « 29 ans, bientôt 32 » et il désire voler de ses propres ailes. Du moins officiellement car son but ultime est de retrouver ses parents. Il sait que, alors qu’il n’avait que quelques jours, il a été fourré dans la poubelle d’une cité. Il décide donc d’y aller. Mais avant, comme il part avec une valise bourrée d’argent, il se prend un appartement, s’achète des vêtements et tout un appareillage pour tourner des vidéos. Il fait des essais, filme d’abord de traviole, puis se retrouve plein cadre à raconter qu’il aime les hyènes ou à présenter son animal domestique : un chat empaillé.

Je vous passe les détails mais Bernie parvient à dénicher ses parents et le jeu de massacre commence. Les coups tombent beaucoup plus que la pluie à Landernau et l’on retrouve des acteurs connus au théâtre et au cinéma (Hélène Vincent, Roland Blanche, Roland Bertin) dans des situations génialement trash et farfelues. Sous les aspects d’une comédie déjantée, Dupontel pose la première pierre d’un édifice de déconstruction d’une société étouffante et mal embouchée.

On dit qu’Albert, qui a démarré par des one-man shows réussis, détestait cela et surtout le public qui y venait. Les gens riaient d’après lui pour de mauvaises raisons. On aura donc tort de prendre Dupontel au premier degré. Ce personnage d’autiste social qu’il incarne avec brio dans « Bernie », « Enfermés dehors » ou « 9 mois ferme » est, qui sait, proche de la véritable personnalité de celui qui, il le prouve quand on le rencontre ou qu’on le voit à la télé, n’a pas forcément envie de s’emmerder avec les convenances.

On mettra enfin à son crédit la découverte d’acteurs et actrices présents tout au long de sa filmographie, de Claude Perron à Nicolas Marié (génial en aveugle d’ »Adieu les cons ») et de Philippe Uchan à Patrick Ligardes, en passant par Michel Vuillermoz ou Éric Elmosnino, appelés à être projetés un peu plus tard et un peu mieux sous les feux de la rampe.

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  1. blackbonnie64 dit :

    Un must ce film et Dupontel est un maitre du cinéma déjanté et acerbe. Notre Monty à nous. Je reste sur ma faim avec son adieu aux cons, pour moi en dessous de 9 mois ferme ou au revoir là haut. Il y manque quelque chose, à moins qu’il n’y ait quelque chose en trop: Virginie Effira? J’dis ça, j’dis rien…

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