Dr Jehyde Mr Kill

Alors celui-là, d’article, je ne le renie carrément pas.

J’ai toujours trouvé nunuche cette présence divine, plus ou moins marquée dans les films de Spielberg, qui se rapproche aussi d’une imagerie à la Walt Disney. Voir, dans « A.I. », les relents de Pinocchio.
Et je trouve toujours que la malchance de Spielberg — mais ça, le pauvre, il n’y était pour rien — est d’avoir sorti son film le 24 octobre 2001. Soit moins d’un mois et demi après le 11 septembre. Lequel 11 septembre détruisait les tours jumelles qui, fièrement, dans « A.I. », continuaient de prouver la force symbolique des États-Unis, malgré vents et marées, dans un futur très lointain.
Ça, me direz-vous — ou peut-être que vous vous en foutez —, c’est la faute à pas de chance. Peut-être, mais ça fiche par terre le finale, du coup plus artificiel qu’intelligent !

Kanibalekter, le 10/08/2018

Le docteur Jekyll, il est super gentil. Appelons-le Steven. Il mange des sucreries toute sa sainte journée et, s’il ne se retenait pas, il pisserait de la guimauve. Au demeurant, un charmant praticien qui fait les choses bien.
Mister Hyde, lui, il est souvent de plus mauvaise humeur. Appelons-le Stanley. Il fait de sales blagues et la dernière en date, c’est qu’il est mort. Mais avant, Stanley avait repéré une nouvelle de Brian Aldiss qu’il aimait bien et il a carrément demandé à Steven de la réaliser. Ah oui, où avais-je la tête, j’ai oublié de vous dire que Stanley et Steven faisaient dans le cinéma.
Du coup, Steven s’est emparé du sujet, une histoire d’enfant robot qui veut être aimé par sa maman adoptive, il a écrit tout seul le scénario (en tout cas, il le signe tout seul), il a réalisé son film sans même mentionner Stanley (sauf à la production), il a saupoudré de sucre glacé et emballez c’est pesé.

Duel

Affiche d'A.I. de Spielberg

Quand on aime bien Stanley, on peut se demander si, dans la pâtisserie, il ne se serait pas amusé à glisser subrepticement et post mortem un peu de mort aux rats. Et l’on se prend à imaginer une sorte de bras de fer d’outre-tombe. On les imagine bien, Stanley et Steven, bras dessus bras dessous, marchant le long d’une plage sur fond de coucher de soleil. « Mon gamin, il aime sa maman et, au début, sa maman se méfie de lui puis elle se met à l’aimer. Mais après, son autre enfant, le vrai, çui qu’elle croyait mort et qui sort du coma comak, il prend toute la place dans son cœur et elle est obligée, comme dans « Iti », pour protéger le petit robot…
– … de l’envoyer valser dans la forêt, continue Stanley. C’est bien. Après elle prend une hache, elle lui court après dans un labyrinthe et…
– Mais non, Stan, non, le robot, on lui a lu Pinocchio, alors il veut dénicher la Fée bleue qui, comme chez Disney, va le rendre humain mais, avant, il va rencontrer les sept nains et les enfants perdus du pays des merveilles…
– Tss tss, tu permets, Stevie, que je reprenne un peu les commandes ? D’abord, Pinocch’ et sa fée, va pas la chercher chez Disney, tu peux l’avoir moins cher chez Collodi et Comencini. Et d’une ! Et de deux, on est dans de la SF, tu vas pas nous refaire caguer avec Hook ? Le gamin, c’est d’autres robots qu’il va rencontrer. Entre autres, un gigolo dont le boulot, c’est baiser les gonzesses en mal d’hormones mâles. Et les robots vont se faire massacrer par les humains…
– Mais, euh…
– façon Schindler
– Ah ? okéoké…
– Et après, ils débarquent dans une New York futuriste…
– Oui, je vois ça, noyée sous un déluge purificateur…
– Si tu veux, Steven, et…
– Cherche plus, Stan, j’ai la fin : ça finit dans un appartement, celui du début, deux mille un ans après, et c’est toute une odyssée de l’espèce qu’on a vu défiler et… Stan… ben réponds quoi, t’es allé te baigner et un requin t’as bouffé ? Non, je rigole… Le salaud s’est trouvé une Lolita alors que j’allais lui parler d’un orage mécanique… Oh, fait chier, j’fera cqueujvoudra. Et pour le titre, pour faire original, tiens je vais mettre deux initiales, comme ça le public se demandera ce que ça veut dire. »

Haley Joel Osment

Du futur vieux d’un mois

Ainsi s’achève le duel verbal. Mais le plus terrifiant, dans A.I., c’est finalement la vision du New York de demain et d’après-demain, sous la mer, sous la banquise, mais avec toujours ses deux tours jumelles qui grattent fièrement le ciel. Un coup de vieux pareil dans le futurisme, ça fait peur ! Mais ça, y pouvait pas prévoir, le Steven. Sauf que chez les Amerloques, c’est toujours la nature qui reprend ses droits sur la Ville et ils ont du mal à imaginer que leurs symboles peuvent s’écrouler !
Finalement, dans A.I., on peut s’amuser à retrouver un peu de Stan et de Stevie, de Jekyll et de Hyde, plutôt de Jehyde et de Kill. Car ce bon Mister Kill, malgré toute sa bonne volonté, en signant un scénar où se mêlent l’intelligence, certes, mais surtout l’artifice, a tué le film.
Et vous, trouvez-vous comme Kanibalekter que Steven a trop mis d’eau dans le vin de Stanley ? Et qu’il a raccourci le nez de Pinocchio qui avait tendance à s’allonger démesurément ?

A.I. Steven Spilberg

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